lundi 29 avril 2019

Babeldaob, partie 1

Babeldaob, partie 1

Salut! C'est François qui aura les deux mains sur le volant (comme dirait l'autre) pour cette entrée!

Après un satisfaisant déjeuner à l'hôtel Palau, on avait rendez-vous dans le lobby pour prendre possession de notre bolide. En effet, pour les 2 prochains jours on avait loué une voiture pour explorer l'île de Badeldoab, reliée à Koror par un pont. Badeldoab, que les locaux appellent simplement "the Big Island", est effectivement la plus grosse île de Palau, et de loin. Il faut dire que les autres îles ne sont vraiment pas très étendues! Évidemment, comme partout à Palau, il n'y a aucun transport en commun, donc la seule manière de visiter Badeldoab est d'y aller en auto. Des points quand même pour Budget Koror, qui nous livré notre rutilante Mazda 3 rouge (au volant à gauche) directement à l'hôtel!

Et c'était un départ! Avoir notre propre moyen de transport agrandissait notre rayon d'action pour explorer les environs de Koror! On en a profité pour faire le tour de  Ngerekabesang (prononcez ça 3 fois rapidement, pour voir), une autre île connectée à l'île de Koror par un causeway. On a d'ailleurs fait un arrêt sur le causeway en question, pour admirer la vue. Comme à peu près tout ouvrage d'importance ici, un panneau indiquait que sa construction avait été financée par le Japon. En fait, on dirait que toute l'infrastructure de Palau a été financée soit grâce au Japon, soit grâce à Taiwan!

On a quitté Ngerekabesang pour l'île de Malakal, où on a fait un arrêt au Icebox Park, un parc public face à la mer. Alors que je m'extasiais sur la beauté de l'endroit ("quel beau parc!"), Marie-Pascale m'a fait remarquer que l'endroit était passablement déglingué. En effet! N'eût été de la vue, pas sûr que les infrastructures m'auraient impressionné!

Par la suite, on est passés aux choses sérieuses et on a quitté Koror pour l'île de Babeldoab via le grand pont à haubans (gracieuseté du Japon, encore). Babeldoab est traversé par une route circulaire asphaltée (qu'on appelle ici la "compact road"), de laquelle partent plusieurs petites routes secondaires vers des hameaux. On s'est d'abord amusés de la vitesse à laquelle on traversait les États de Palau (il y en a 10 sur Babeldoab seulement!). Traverser le premier et le deuxième ensemble a dû nous prendre pas plus de 20 minutes! Notre premier arrêt était les Ngatpang Falls. La carte routière (notre meilleure amie à Palau, en l'absence de Lonely Planet) nous disait que c'était près de la route principale. En fait, c'était pas mal impossible à  trouver! "Prenez la première route à droite, vous ne pouvez pas vous tromper!" nous a dit un empathique employée de la voirie. Route qu'on a jamais vue, avant de réaliser que ce chemin de garnotte mal entretenu et qu'on prenait pour une entrée privée était bien la "route" en question! Le tout menait à une genre de cour à scrap... À la guérite, la dame nous a dit que c'était juste à côté, alors que sa meute de chiens entouraient la voiture en jappant! On est allés stationner quelques mètres plus loin et on a ramassé quelques pierres au cas où, mais les chiens préféraient nous invectiver à distance plutôt que de s'essayer à croquer nos mollets! Au bout du chemin, derrière une poubelle, commençait effectivement le sentier pour se rendre à la chute. Sans panneau ni autre indication, disons qu'il fallait le savoir! Le sentier semblait avoir fait l'objet d'un entretien aléatoire dans le meilleur des cas, et la végétation envahissait lentement le tout. Finalement, on est arrivé en haut de la petite chute du gros ruisseau qu'on suivait depuis un moment. Pas moyen de descendre pour observer d'en bas. À moins que... Une corde était tendue d'une rive à l'autre, et on pouvait visiblement traverser à gué l'eau peu profonde pour atteindre l'autre côté. Oh boy, tellement Palau comme organisation! Pas d'indications, juste une impression d'être dans un jeu vidéo où il faut observer autour de soi pour trouver des indices afin de résoudre un casse-tête pour accéder au niveau suivant haha! 

On a finalement opté pour la prudence (et pour garder nos pieds au sec) et on s'est contentés de voir les chutes d'en haut (donc on a pas vu grand chose...). De retour à la voiture, on a décidé d'obliquer vers le petit village de Ngatpang et de tester les petits chemins de traverse. Le paysage de Babeldaob offre un très beau spectacle pour les yeux: l'île est parsemée de petites collines recouvertes de végétation luxuriante, et la mer turquoise n'est jamais très loin. Il y a assez peu d'habitations: on a l'impression que l'île est pratiquement vierge. Quand les routes grimpent sur les hauteurs, on a de superbes points de vue! Et évidemment, les arbres tropicaux et les fleurs émaillent le paysage. Bref, c'est très beau, et notre trajet vers Ngatpang ne faisait pas exception!

Enhardis par notre expérience, on a choisi de revenir à la compact road via les routes secondaires de l'État d'Aimeliik voisin. Là, les choses devenaient plus funky: on suivait maintenant des pistes dans la jungle plutôt que des routes de gravier! Disons qu'on sortait un peu des sentiers battus haha! Ça nous a permis de visiter l’un des champs en terrasses sur lesquelles les Paluans cultivaient anciennement le taro, une racine un peu fade qui constituait la base de leur alimentation par le passé. On a ensuite obliqué vers une route - qui n'était pas en meilleur état - vers la tombe de Malsol, un ancien guerrier apparemment mort lapidé dans le cadre d'une histoire compliquée (c'est toujours compliqué ces affaires-là, il me semble que les légendes ne sont jamais faciles à expliquer...) En tout cas on n'est pas certains d'avoir trouvé la tombe (c'était peut-être la plateforme de pierres à laquelle on est parvenus, mais c'était pas clair pour faire changement). Plus intéressante était notre balade sur l'ancien sentier de pierre, un vestige de l'époque où ces routes reliaient les villages de Babeldaob entre eux à travers la jungle. Un peu comme les voies romaines, mais en plus rustique quand même! Bien joli en tout cas, mais avec la mousse glissante qui recouvrait les rochers (pointus par endroits) du sentier, on avait de la misère à avoir comment les Paluans pouvaient anciennement courir pieds nus là-dessus! Ils devaient avoir de la corne ultrarésistante sous la plante des pieds! Notre balade nous a aussi fait voir un petit serpent bleu. Heureusement, à Palau, ils sont apparemment non-venimeux... En tout cas c'est ce qu'on nous a dit, et on s’est satisfait de cette réponse!

Un peu plus loin se trouvait un magnifique bai traditionnel. À l’extérieur et à l’intérieur figuraient des représentations peintes de la faune locale (crocodiles, chauve-souris, oiseaux et beaucoup de poissons) et de scènes de la vie quotidienne. La société paluane étant traditionnellement matriarcale, c’est une femme qui figure au dessus de l’entrée. Pour une raison mystérieuse, les hommes étaient tous représentés nus, avec de très gros pénis, alors que les attributs des femmes (sauf celles de l’entrée) étaient invisibles. Va savoir... Évidemment, le State Office était situé juste à côté du bai, question qu'on achète un "permis" pour visiter les attractions de l'État! Disons qu'il faut voir ça comme une taxe locale, pare que 10$ US pour visiter un petit bâtiment, c'est un peu cher payé haha!

De retour sur la compact road, on a roulé une vingtaine de minutes et traversé deux autres États (!!) à travers des paysages magnifiques (et toujours moins de circulation: on était pratiquement seuls sur la route) pour atteindre notre prochain point d'intérêt: les Ngardmau Waterfalls, les plus hautes chutes de Micronésie (la région du monde où on se trouve)! Mais d'abord, on a trouvé un coin à l'ombre où on a pique-niqué. Au menu: des bento boxes que Sam's Tours nous avait préparé la veille pour notre cours de plongée alors qu'on avait déjà mangé!

De là, on a suivi le sentier (cette fois bien indiqué!) vers les chutes. En chemin, on a croisé de vieux rails. Difficile à croire pour un si minuscule pays, mais il y a déjà eu des (petits) trains à Palau, à l'époque de la colonisation japonaise! Bon, ils n'allaient pas bien loin: les wagons servaient à transporter la bauxite de la mine toute proche vers un quai près de l'océan. On a suivi les rails un moment jusqu'à ce que la jungle devienne trop dense, puis on a rebroussé chemin et continué vers les chutes. À un certain moment, le sentier continuait littéralement dans la rivière: on suivait le roc autour duquel coulait de minces filets d'eau! Finalement, on est arrivés! Vous savez l'image de la chute tropicale idyllique, avec un rideau d'eau bien chaude qui tombe sur un bassin dans lequel on peut se baigner? Eh bien on y était! Bon, les roches n'étaient pas très confortables pour les pieds, mais dans la moiteur tropicale de l'après-midi, cette douche était plus que bienvenue! Dans le bassin batifolaient des genre de truites. Tsé quand tu es un poisson d'eau douce, dans une petite rivière d'une petite île entourée de milliers de kilomètres d'océan, c'est vraiment ce qui s'appelle occuper un métier spécialisé!

On s'est fait sécher en observant la beauté du paysage. La brise et l'ombre des grands arbres rendaient le tout particulièrement agréable. Pas facile la vie! On a suivi le vol d'une grosse chauve-souris frugivore (l'un des gros mammifères de Palau!) avant de piquer une jasette à un couple d'Australiens qui venaient d'arriver à la chute. "My condolences for your bank account!" nous a dit l'homme avec un accent à couper au couteau! Il a bien raison: Palau, c'est vraiment pas donné! C'est sûr et certain qu'on n'aurait pas pu survivre dans ce pays sur le budget qui était le nôtre quand on était des backpackers qui comptions nos sous!

On a été surpris par une averse tropicale sur le chemin du retour, mais, comme c'est souvent le cas, ce fut de courte durée. Une fois derrière le volant, on s'est perdus dans les petites routes secondaires en tentant de rejoindre le village de Ngardmau, ce qui nous a tout de même permis d'observer les anciennes exploitations de bauxite japonaises (d'où partaient les rails évoqués plus haut). Puis, on a quitté la compact road circulaire pour emprunter la route qui nous mènerait vers le bout de l'île au Nord. Géographiquement, Babeldaob est un peu faite comme la Corse, en long avec une petite péninsule plus étroite vers le nord. La comparaison s'arrête là par contre! Toute en hauteur, la route du nord offrait de superbes points de vue sur la lagon, la barrière de corail et l’océan au-delà.

Au quai de Ngarchelong, tout au nord de l'île, on a immortalisé notre "exploit" de se rendre jusqu'au bout de la route (!!) en prenant un selfie avec notre fidèle monture! On est ensuite revenus un peu sur nos pas pour se rendre à notre dernière attraction de la journée: les monolithes de pierre de Baldruchau. Situées dans un cadre enchanteur, dans une pente herbeuse faisant face à la mer, ces pierres taillées énigmatiques, vieilles d'environ 2000 ans, sont à Palau ce que les statues de pierre sont à l'île de Pâques. Les grandes pierres sont alignées d'une manière très précise, ce qui laisse croire qu'elles ont pu être les fondations d'un grand édifice (peut-être un bai), mais personne n'en est sûr. Plus étonnant encore sont les visages grimaçants taillés sur certaines pierres, et avec lesquels on s'est bien amusés à se prendre en photo. Les pierres en question sont d’origine volcanique et ressemblent à de la vieille asphalte. On a appris que ça s'appelait des puddingstones, ce qui n’a pas manqué de nous faire sourire. On a quitté ce surprenant endroit en disant au revoir aux enfants qui jouaient pendant que leur mère gérait le site, puis on a repris la route. 

Notre destination finale pour la journée: les M & A Riverside Bungalows! Il n'y a pas beaucoup d'endroits où dormir (et manger) sur Babeldaob et ce resort low-key était à peu près le seul établissement pour ce faire (et ça nous avait pris pas mal de temps à réserver tout ça, voir l’entrée précédente). Sur place, on a constaté qu'on était aussi les seuls clients! On avait la plage de sable, les cocotiers, le petit ruisseau qui traversait la propriété et toutes les installations pour nous tout seuls! Quand est-ce que ce genre de chose arrive haha?!?! On a profité de la marée basse pour marcher sur la plage, le temps que les très attentionnées employées philippines nous préparent notre souper. Et quel repas! Nos currys de poulet et de poisson, servis dans des feuilles d’arbre courbées comme des bols (!), étaient tout simplement succulents! La genre de joséphine aux bananes comme dessert a également été un gros hit de mon côté! On mangeait dehors et on s'est amusés à observer les lézards dévorer des quantités impressionnantes de mouches attirées par la lumière. On devrait en importer au Québec, ils deviendraient énormes à force de gober des mouches noires! On est revenus à notre bungalow en évitant à la fois les gros crapauds et les minuscules grenouilles qui bondissaient sur le terrain. Disons que le petit ruisseau était une terre promise pour eux!

Notre bungalow avait une déco digne des années 1970 et un air climatisé beaucoup trop bruyant pour le prix qu'on payait, mais était bien sympathique. Moins agréable a été la découverte de 3 grosses coquerelles dans la salle de bains et sous un sofa! On leur a cependant rapidement déclaré la guerre. Armée d'un balai, Mémé renvoyait vers la salle de bains les coquerelles paniquées qui tentaient de fuir, pendant que j'essayais de les y piéger à l'aide d'un bol et d'une feuille plastifiée pour pouvoir les jeter à l'extérieur. Je vous laisse imaginer la scène: c'était probablement encore plus ridicule que vous le croyez haha!

On vous envoie la suite bientôt, le temps de savourer notre victoire temporaire contre les insectes!

dimanche 28 avril 2019

Première fois en plongée

Alii, c'est Marie-Pascale!

Levés tôt pour prendre le ferry, on a attendu le départ en mangeant des crêpes au beurre d'arachide achetées au dépanneur du coin. Après une scène de power trip où la dame qui récolte l'argent du bateau a copieusement engueulé un employé qui avait abimé le bateau en retirant une bouée trop tôt, on a filé vers Koror sans encombre. Coup de chance, les proprios de l'auberge Adventures Inn, où on avait dormi à Peleliu, prenaient eux aussi le traversier et nous ont gentiment fait un lift du quai jusqu'à notre hôtel à Koror. Merci!!

On avait réservé un cours d'introduction à la plongée sous-marine en après-midi, et d'ici là, il restait quelques tâches administratives de voyage à faire. Les deux prochains jours allaient être réservés pour la visite de Babeldaob, la grosse île au nord de Koror. Après une énième tentative de rejoindre un des rares hébergements, on a fait d'autres appels jusqu'à ce qu'on tombe sur une place qui répondait au téléphone... Puis on a quitté pour aller réserver une auto, seul moyen d'explorer sans guide cette région du pays.

Première agence de location? Fermée définitivement. Deuxième agence? Il ne reste plus d'auto disponible, mais peut-être que quelqu'un va revenir plus tôt aujourd'hui, mais c'est pas sûr... Bon... Ah, il y a une troisième agence un peu en retrait du centre? Nos tentatives pour les appeler furent un échec. On s'y est donc rendus, à environ 15 minutes de marche rapide, alors qu'on voyait le temps passer d'ici notre rendez-vous en PM... "Vous avez marché jusque ici?!" nous dit, incrédule, la dame de l'agence, dans ce pays où une marche de 5 minutes a l'air d'être considérée comme une distance incroyable. "Vous auriez dû appeler!", "Oui ça sonnait toujours occupé" (comme 50% des appels qu'on a essayé de faire depuis notre arrivée...) Tout ça pour dire qu'on a heureusement pu réserver une auto pour le lendemain, et qu'on nous a reconduit au centre-ville après!

On se trouvait un peu cons d'avoir réservé notre hôtel "non remboursable" sans s'être assurés d'avoir une auto disponible... Tout finit par s'arranger en voyage on dirait, mais on se questionne souvent à savoir si un jour la chance va nous lâcher!

Parenthèse sur les autos ici: la majorité ont leur volant à droite, mais se déplacent pourtant du même côté de la rue que nous. On a raisonné la chose en se disant que beaucoup d'autos semblent importées du Japon, où ils conduisent avec le volant à droite, mais sur la voie de gauche comme en Angleterre. Reste qu'on ne trouve pas que c'est super efficace pour la conduite, ayant vu quelques accidents évités de peu quand les conducteurs reculent...

Il nous restait 30 minutes pour dîner avant notre cours de plongée, donc on s'est dirigés vers un resto japonais qui offrait des menus pour le dîner. Ok, on avait sûrement été optimistes pour le temps requis, mais le service a été super long, recevant nos plats justement après 30 minutes d'attente... On s'était rendus compte de notre mauvais calcul et François avait déjà couru à l'hôtel pour appeler notre compagnie de plongée pour leur demander de venir nous chercher 15 minutes plus tard. Hilala, on (surtout moi) déteste être en retard... 

"Frenchie", un Français (duh) qui travaillait pour l'agence Sam's Tours, allait être notre professeur pour l'après-midi! Instructeur de plongée à Palau depuis 1 an et demi, il nous a informé que très très peu de touristes prenaient les cours d'introduction à la plongée ici, sachant que c'est la (seule?) raison pourquoi les gens viennent visiter Palau habituellement. Attablés avec lui, il nous a expliqué la base de la plongée puis est venu le temps de mettre le tout en pratique! François était un peu anxieux pour la plongée en tant que telle, moi pour l'étape où on saute dans l'eau avec notre équipement... Rendus dans l'eau juste derrière Sam's Tour, on a pratiqué les différents exercices appris précédemment: vider son masque, rattraper le tuyau qui amène l'air et le remettre dans sa bouche sous l'eau etc. 

Puis on est partis pour 35 minutes de plongée, qui sont passées beaucoup plus vite que ça! Même si c'était un site "ordinaire" de Palau, juste derrière une zone avec plein d'entreprises, c'était déjà impressionnant! Au début, il y a eu un "poisson crocodile", une laideur sous-marine qui se terre dans le sable, mais qui est assez rare paraît-il. Et puis on a nagé avec plein d'autres poissons, plusieurs qu'on n'avait pas encore vus dont un aux écailles léopard! Et des bénitiers géants également!

On s'habitue quand même assez vite à respirer sous l'eau, une fois les premières respirations passées. Le poids de l'équipement et de la bonbonne est vraiment léger sous l'eau (contrairement à quand on est au sol) et on doit s'ajouter des poids à la taille pour pouvoir plonger profondément. À chaque mètre de descente ou juste avant que les oreilles fassent mal, il faut se pincer le nez et souffler pour égaliser la pression. Aussi, il ne faut pas arrêter de respirer, pour que les poumons ne se collabent pas sous la pression. Au final, on est descendus jusqu'à 12 mètres, ce qui est le maximum autorisé pour le cours qu'on faisait! 

On est ressortis de cette plongée bien contents de notre première expérience! On a donc réservé pour une "vraie" journée de plongée (pour débutants) quelques jours après avec la même compagnie.  

Après un petit lavage de linge et une bonne douche (c'est fou comme on devient collants et poisseux avec de la crème solaire et de l'eau de mer!), l'unique resto indien du pays nous attendait. François a tenté la bière locale, la Red Rooster, et on a englouti la quantité (finalement un peu grande) de délicieuse nourriture qu'on avait commandée. La charmante serveuse philippine était d'ailleurs impressionnée qu'on ait réussi à tout finir! 


À bientôt!

samedi 27 avril 2019

Peleliu

Salut! C'est François qui vous accompagnera dans notre escapade à Peleliu!

Donc c'est confirmé: les déjeuners au Palau Hotel sont pas mal meilleurs qu'à l'autre hôtel chinois! En passant, vous aviez déjà mangé ça, vous, de l'oignon cuit entouré de bacon? Sachant que l'oignon est mon légume préféré (eh oui, vous savez tout sur moi maintenant), c'était une belle découverte haha! On a déjeuné en compagnie d'un couple de Chinois, dont la fille portait une jaquette résolument trop courte qui laissait voir ses sous-vêtements. Un peu bizarre...

Le reste de l'avant-midi fut consacré à du gossage pour appeler les banques au Québec... Figurez-vous que, pour on ne sait quelle raison, Tangerine avait bloqué le compte chèque de Marie-Pascale, celui duquel on sortait notre argent pour le voyage. Pourtant, prévoyante, elle les avait avisés avant de partir pour leur indiquer qu'on s'apprêtait à passer 10 jours à Palau, en leur donnant nos dates exactes! Mais voilà, on a  pu faire 2 retraits avant qu'ils ne gèlent tout. "Appelez-nous pour faire débloquer votre compte" disait le courriel qu'on a reçu. Sérieusement, ces gens-là ont-ils déjà voyagé? Savent-ils à quel point c'est compliqué de faire un appel au Canada depuis l'étranger quand tu n'as pas de carte sim locale du pays, et quand tu es ailleurs qu'aux États-Unis ou en Europe? "Ben les appels à frais virés sont gratuits..." Encore faut-il trouver un téléphone qui veuille bien accepter de faire ce type d'appel! Les téléphones filaires ne permettent généralement que les appels locaux et ma carte sim chinoise ne fonctionnait pas à Palau pour ce genre d'appel... On fait quoi? Il faut vraiment dépenser de l'argent et du temps pour acheter une carte sim locale qui permette les appels internationaux, en croisant les doigts pour que ça marche? Pour un seul appel??? Et évidemment, pas moyen de régler cette situation en ligne, par clavardage ou par courriel. Non non. Il. Faut. Un. Appel. Comme en 1980... Encore heureux qu'on ne nous demande pas de leur envoyer un fax... Bref, on a fini par appeler via Skype, en profitant du mois d'essai gratuit pour les appels vers l'étranger. Tout ça pour se faire dire "Ah ben on comprend pas vraiment pourquoi ça a gelé votre compte, en tout cas c'est bizarre..."  Ahlalala...

La bonne nouvelle après ça, c'était que notre compte était désormais utilisable et qu'on pouvait sortir de l'argent. Victoire!

Un peu avant midi, on a quitté l'hôtel Palau pour marcher vers le quai d'où partaient les ferries pour notre destination du jour: Peleliu! C'était important d'être là d'avance: il n'y a que 3 bateaux par semaine... On a marché jusqu'à Malakal, c'est-à-dire assez loin, mais le soleil était un peu moins fort que la veille (au grand bonheur  de nos coups de soleils respectifs). Quand même, il faisait chaud!  "Wow, you're fast! I saw you walking on the road!" nous a dit une dame en auto alors qu'on sortait d'un dépanneur avec une bouteille d'eau glacée. Eh oui, rien n'arrête les marcheurs invétérés que nous sommes!

Au quai, on a demandé autour de nous pour trouver le ferry. Disons que ce n'était pas très évident: aucun panneau, aucune guérite n'indiquait quelle embarcation prendre! En tout cas on a fini par trouver. Je m'attendais à un traversier capable d'emmener des voitures, mais c'était finalement un assez petit bateau pour passagers seulement. Mémé s'est installée sur un banc pour nous réserver des sièges pendant que j'allais nous chercher à manger. L'énorme portion de poke de thon était néanmoins trop piquante pour le palais délicat de la capricieuse de l'épicé qui me sert de compagne de voyage, et l'incendie a bien dû nécessiter la moitié de notre 2L d'eau! Pendant ce temps, les employés du bateau étaient bien occupés à entreposer à bord les marchandises les plus diverses (dont une toilette, dont l'arrivée soulagera à coup sûr l'insulaire qui en a passé la commande!)

Finalement, à 14 h, on levait l'ancre! Pendant 1h 30, on a navigué  à travers les décidément magnifiques Rock Islands sur une mer turquoise assez clémente. Dans le bateau, on s'est vite rendus compte qu'on était les seuls touristes... Pourquoi on a souvent l'impression que les gens ne voyagent pas comme nous? On aime bien prendre les transports locaux! Rapidement, tout le monde s'est mis à nous demander d'où on venait et ce qu'on avait fait dans le pays à date: un classique! Puis:
- "Are you looking for a room on Peleliu? (on n'avait rien réservé)
- We'll think about it! (On aime pas trop dire oui à des offres comme ça, on aime bien faire nos indépendants)
-  We can have somebody to take you to the hotel.
- It's fine, we'll walk.
- It's far and hot!
- We'll walk, no worries :)

À un certain moment, la mer a commencé à être plus houleuse et les vagues éclaboussaient les gens. Le matelot  a alors descendu des genre de toiles protectrices sur les côtés du navire, mais c'était OK pour nous alors on lui a fait signe que c'était pas nécessaire (d'autant plus que ça nous cachait le paysage...). Par contre, éventuellement, on s'est rendus compte que la dame derrière nous recevait de l'eau mais ne bronchait pas, alors on a bien vite accepté pour ne pas qu'elle soit trempée! La pauvre!

À l'approche de Peleliu, la marée basse nous obligeait à naviguer lentement entre les bancs de sable, dans un chenal étroit. Et c'est à ce moment que la dame qui nous avait abordé pour l'hôtel nous a redemandé ce qu'on comptait faire. "Oh, we'll walk!" "But I already called the driver to pick you up!" Sur le coup on était un peu fâchés: on n'avait pas dit oui à son offre, et voilà qu'elle nous imposait en quelque sorte qu'on aille là-bas! Évidemment, maintenant que quelqu'un venait exprès nous chercher, on se sentait mal de dire qu'on voulait y aller par nous-mêmes... Mais bon, il y a des fois où on doit abdiquer en voyage, et c'était l'une d'entre elles... Une fois à terre, on est donc montés dans la minivan où nous attendait un gars super sympathique: le proprio de l'auberge Adventures Inn Peleliu. On ne le savait pas encore, mais une chance que notre bonne étoile avait fait en sorte qu'on soit aiguillonnés vers cet hôtel!

Comme d'habitude à Palau, les touristes doivent payer un permis pour visiter l'État où ils se trouvent. Ah oui, parce que le pays a beau être minuscule, il est divisé en 16 États, comme aux États-Unis! Par exemple, l'île de Peleliu, où on se trouvait, a beau ne faire que 19km2 et être peuplée d'à peine plus de 500 âmes, c'est bel et bien un État de la République de Palau, avec sa "State Legislature" (dans un cabanon: c'est même pas une blague!), ses propres plaques d'immatriculation, son drapeau et son Gouverneur! Bon, chez nous, on appellerait ça une municipalité (et encore), mais dans la vie, il faut voir grand! 

Bref, nos permis payés, on a roulé pendant même pas 5 minutes pour aboutir au seul village de l'île. Les habitants lui ont donné un nom à coucher dehors (Klouklubed), alors on va l'appeler Linda (Bruno Blanchet, sors de ce corps)! Klouklubed, c'est trèèès tranquille. Une quinzaine de maisons, 3 dépanneurs, une école primaire, le cabanon-assemblée nationale, une bâtisse gouvernementale, quelques voitures, des enfants en vélo de temps en temps, et plein de chiens assoupis. Oh, et peu de choix d'hôtels... Et un seul resto, attenant à l'auberge et tenu par le couple qui runnait la place. On avait-tu bien fait d'embarquer dans la minivan finalement, je ne sais pas trop où on aurait dormi autrement haha!

Après avoir pris possession de nos chambres, il nous restait environs 2h de clarté. On en a profité pour explorer le nord de l'île, en se faisant littéralement saluer par tout le monde qu'on croisait. Sympathique, cette ambiance de (très) petit village isolé! 

Ça nous a pris moins de 20 minutes retourner au quai où on avait accosté un peu plus tôt: disons que ce n'était pas très loin! En chemin, j'ai visité la Thousand Man Cave: un réseau de tunnels construits par les Japonais lors de la 2e guerre mondiale. C'était sombre, silencieux, pas du tout aménagé, avec des chauve-souris et de gros crabes cachés dans les anfractuosités de la pierre. Plusieurs soldats japonais sont morts dans ces cavernes durant la guerre, donc ça donnait un peu l'impression de visiter une crypte... Mémé n'a pas osé pas entrer... On a aussi vu plusieurs bunkers datant de la même époque en continuant notre route.

L'atmosphère était bien plus légère dans le petit parc au nord de l'île, où on a pris le temps de s'asseoir pour regarder la plage et les mangroves à la lumière du jour qui déclinait. Bien agréable! On est ensuite revenus au village par une route tranquille, où on a évidemment croisé beaucoup de chiens. Seule une poignée nous a jappé après, heureusement, la plupart continuant leur sieste dans la moiteur tropicale! On a aussi assisté à un spectacle cocasse quand une minivan s'est subitement arrêtée, puis a reculé quelques mètres devant nous. Le conducteur a alors ouvert sa portière pour saisir quelque chose qui trainait sur la route... un crabe vivant! Un souper aux fruits de mer inattendu haha!

De retour à Klouklubed après avoir passé un étang à crocodiles (sans reptiles visibles, ouf), on a jeté un oeil à un vieux poste de communications japonais avant de se diriger vers la plage. On y accédait via un hostel abandonné un peu glauque. La plage donne malheureusement sur une mer peu profonde et pleine de vase et d'algues, donc pas super pour se baigner. Par contre, le coucher de soleil était magnifique! Au retour, on a dû négocier mètre par mètre pour avancer dans le sentier face à des chiens jappeurs, avant que leur maître ne daigne enfin les ramener à la raison! Ah, les chiens pas attachés, c'est toujours plaisant! On est revenus manger au resto, où on a jasé avec la sympathique proprio. La seule autre cliente était l'infirmière du village, qui était en fait la dame qui recevait de l'eau derrière nous dans le bateau! "Vous preniez des photos, donc je ne voulais pas vous déranger!" Trop gentille! C'était très intéressant car, dans son petit dispensaire de Peleliu, elle vivait les mêmes réalités que Mémé à Blanc-Sablon! Évidemment, les deux se sont parlées toute la soirée dans leur langage médical commun! Au cours de la soirée, "nurse" (comme tout le monde l'appelait) a dû nous quitter pour un patient, qui avait parcouru le village en auto pour la trouver... Pas facile, d'être la seule personne de référence en santé dans un village isolé!

Nos spaghettis avalés, Marie-Pascale s'est lancée bravement dans un nécessaire lavage (on la remercie!), alors que j'écrivais ce blogue sur la terrasse du resto.

Le lendemain, on a pris notre déjeuner sur ladite terrasse du resto d'à côté, tout en discutant de l'histoire récente de Palau avec le proprio. Colonie allemande (eh oui!) jusqu'à la 1ère guerre mondiale, l'archipel a ensuite été confié aux Japonais. Selon ce qu'on nous a dit, les gens gardent une impression assez positive de l'époque japonaise: des mariages interethniques avaient lieu et l'origine des influences asiatiques qui sous-tendent la société paluane datent de cette période. La 2e guerre mondiale, et l'occupation américaine qui a suivi, a radicalement changé la face des îles. Les États-Unis ont importé leur mode de vie, leurs produits et leurs idées. Indépendant depuis 1994, Palau reste un quasi-État américain: par exemple, les Paluans peuvent se rendre sans visa aux États-Unis et même servir dans l'armée américaine!  Ma fibre d'historien était très intéressée d'en savoir plus sur le passé de Palau, cette page peu consultée du livre de l'histoire du monde!

Ensuite, on a enfourché nos vieux vélos lourds et sans vitesses (avec notre lunch dans une glacière fixée en arrière) et on s'est lancés dans l'exploration de Peleliu. Comme ce n'est pas bien grand ni très accidenté comme île, le vélo est décidément le meilleur moyen de transport! Et disons qu'on n'est pas trop embêtés par la circulation automobile haha!

En sortant du village, notre premier arrêt fût le dispensaire! La veille, Mémé avait demandé à l'infirmière si elle pouvait venir visiter ses installations, car elle était  curieuse de voir à quoi ça ressemblait! La nurse était ravie qu'on passe la voir et on a pu visiter toutes les salles du petit établissement. On en a aussi profité pour jaser avec un médecin militaire américain de passage pour la journée à Peleliu. Outre son travail médical, lui et son équipe étaient notamment responsables d'entretenir les monuments de guerre américains de l'île. Disons qu'il faut être multitâches dans un endroit où il y a si peu de personnel: l'infirmière disait qu'elle coupait elle-même le gazon du dispensaire quand il n'y avait pas de patients!

On est ensuite repartis en vélo pour atteindre le musée de l'île, situé dans un ancien bunker japonais passablement amoché par des trous d'obus. Vous trouvez peut-être que ça fait pas mal de fois que j'évoque la deuxième guerre mondiale dans ce blogue. C'est que l'île autrement idyllique de Peleliu cache un sombre passé. Entre septembre et novembre 1944, une bataille terrible a fait rage ici entre l'armée américaine et japonaise. Ce qui devait être un engagement militaire de quelques jours s'est transformé en épouvantable guerre d'attrition en raison de la résistance acharnée des défenseurs japonais. Ces derniers avaient percé des tunnels dans le massif montagneux qui traverse l'île et il fallut 2 mois et de très lourdes pertes avant que les Américains ne puissent les en déloger. Et encore: sur la route vers le musée figure un monument à la mémoire de la douzaine de Japonais qui se sont rendus aux Américains... 2 ans après la fin de la guerre! Ils se cachaient dans des grottes et menaient encore des actions de guérilla bien après que les bombes atomiques aient été larguées sur Hiroshima et Nagasaki, inconscients du fait que la guerre était finie! Ceux-là font partie de l'infime partie de la garnison japonaise qui a survécu à la bataille. Sur 11 000 hommes, seuls 28 soldats japonais s'en sont sortis vivants. L'armée japonaise devait tenir cette position jusqu'à la mort: elle a honoré cette promesse... De leur côté, plus de 2000 soldats américains sont morts, et bien davantage blessés. Nombre d'entre eux ont succombé à la chaleur infernale qui régnait alors sur l'île, le couvert végétal (et donc l'ombre) ayant été détruit par les bombardements incessants. Sans eau, exposés à un soleil de plomb ou à une pluie battante, les G.I.s mourraient d'insolation, de dysenterie et de blessures mineures infectées tout autant que des balles japonaises. Tout ça, au final, pour un objectif stratégique inutile: la prise des Philippines à peu près au même moment rendit sans intérêt la capture de l'aérodrome de Peleliu, raison initiale de l'invasion. Tant de vies perdues pour rien! Quel gâchis!

Le musée contenait pas mal d'artefacts, mais n'était pas trop user friendly. Disons qu'il y aurait eu moyen de rendre ça plus vivant! Mais bon, on avait quand même l'essentiel de l'information. On y rencontré un couple de Canado-Australiens avec deux jeunes enfants qui faisaient un tour guidé de Peleliu. Le Canadien, un Ontarien d'origine asiatique qui vivait maintenant à Melbourne avec sa femme australienne, parlait un excellent français, ce qui nous a impressionné! Autre surprise: le couple avait ensemble visité Terre-Neuve et fait la route par Fermont l'été passé! On est à Peleliu, une île perdue du Pacifique à plus de 15 000 km du Québec, et on rencontre deux personnes qui ont visité Blanc-Sablon. C'est quoi les chances?!?

On les a salués avant de remonter à vélo, pour s'arrêter un peu plus loin à un monument dédié à l'une des unités militaires américaines ayant participé à la bataille. Un petit sentier menait à une paisible plage de sable bordée de cocotiers. Dur à croire qu'il s'agissait en fait de l'une des plages du débarquement, théâtre de combats sanglants... D'autres vestiges de la bataille se trouvaient quelques coups de pédale plus loin. Cette fois, c'était les restes d'un avion japonais - le fameux Zero - dont le cockpit était lentement englouti par la jungle.

On a retrouvé le groupe auquel appartenait la famille de canado-australiens au quai du sud de l'île, où on a mangé avec eux. Alors qu'eux avaient de belles bento boxes avec des plats japonais santé, nous nos hôtes nous avaient préparé des hot dogs avec des chips! C'était bien bon, mais en comparaison on avait l'air d'être des rois de la malbouffe! On a jasé avec la bien sympathique famille, avec le yacht "Palau Agressor 2" amarré en arrière-plan. Ça fait plusieurs bateaux paluans qu'on voit affublés de noms violents comme ça: on ne sait pas trop pourquoi haha!

Rassasiés, on a poursuivi notre balade en vélo par des chemins de traverse bordés de végétation luxuriante, avant de faire une pause à la Honeymoon Beach. Mémé est rapidement devenue plus silencieuse au fur et à mesure qu'on marchait sur la plage. Elle se sentait fatiguée alors on s'est assis un moment... avant qu'elle commence à dodeliner de la tête. Un début de coup de chaleur? On a été à l'ombre avant qu'elle ne s'évanouisse, elle a bu pas mal d'eau et on s'est reposés une bonne demie-heure en profitant de la brise de mer et d'un ciel heureusement plus couvert. Elle à bientôt été remise sur pied, mais dans cette chaleur, le vélo c'est traitre!

Puis, on est remontés à bicyclette et on a  suivi la piste qui s'enfonçait dans la jungle. On a enfin atteint l'un de nos objectifs: le Swimming Hole! On nous avait dit qu'il fallait absolument se baigner dans cette piscine naturelle, un genre de cenote comme au Mexique. Apparemment que  c'est le seul endroit à Palau où ça existe. Cela dit, le trou n'était pas trop invitant: une échelle en PVC plongeait dans l'eau de mer, dont la moitié était située dans une caverne. Qu'à cela ne tienne,  j'y ai été quand même, mais Mémé a refusé de me suivre haha!

De là, on est revenus vers le coeur de l'île, où se situent la plupart des sites historiques. Au premier chef la fameuse piste d'atterrissage, toujours utilisée, et dont la capture était l'enjeu majeur de la bataille de Peleliu. On a ensuite vu 3 tanks amphibie américains, abandonnés à l'endroit où les obus japonais les ont stoppés... Notre voyage dans le temps nous a emmenés par la suite au quartier général japonais, un grand bunker à deux étages avec d'énormes trous d'obus ayant perforé les murs. La nature reprend aujourd'hui ses droits et l'édifice est désormais de plus en plus envahi par la végétation. Outre ça, les ruines ont été laissées telles quelles, et on peut très bien s'imaginer l'intensité de la bataille en visitant les différentes pièces. 

Quelques centaines de mètres plus loin commencent les premiers contreforts de la petite chaine de collines qui domine Peleliu. C'est là qu'ont eu lieu les combats les plus acharnés, dans ces montagnes percées comme du gruyère par les Japonais. Les Américains ont surnommé l'endroit "Bloody Nose Ridge", un bel euphémisme... Au début de l'élévation se trouve un char japonais immobilisé pour toujours lors d'une contre-attaque ratée. Plus haut, caché dans une caverne, on retrouve un canon japonais encore intact, surplombant le champ de bataille. Cependant, c'est un peu plus haut que c'est le plus marquant. Il était 17h environ quand on a débuté notre promenade dans la Death Valley trail. C'est un endroit très particulier. Tout d'abord, il faut absolument suivre le sentier, car c'est le seul espace déminé des environs. Le reste est couvert de munitions et d'obus potentiellement dangereux. Un panneau indiquait que les démineurs avaient retiré 8800 obus et munitions trouvés sur les 820m de sentier! L'atmosphère est également très spéciale. Ce fût un 20-30 minutes de marche angoissante dans une vallée silencieuse, dans une semi-pénombre de fin de journée, en observant les artefacts militaires en bordure de sentier et les ouvertures de tunnels japonais... On avait réellement l'impression de marcher chez les morts, dans ce qui est à toutes fins pratiques un cimetière à ciel ouvert... Le sentier offrait une vision poignante à la toute fin, alors qu'un drapeau japonais indiquait l'endroit où, après 2 mois de combat, le général japonais s'était donné la mort plutôt que de capituler... On échappe à l'atmosphère irréelle de cette terre de fantômes en gravissant les escaliers qui mènent au lookout où se trouve le monument aux morts américains, et d'où on a une magnifique vue à 360 degrés sur Peleliu. En regardant ce confetti perdu dans le Pacifique, on se demande bien pourquoi une telle bataille a pu avoir lieu ici! Notre visite des lieux s'est enfin achevée au temple shinto japonais, érigé en l'honneur des soldats japonais. Tout juste à côté, un autre monument américain. Comme pour rappeler que les ennemis d'hier sont aujourd'hui des alliés solides...

Le soir tombait, et il fallait revenir à Klouklubed. La carte nous montrait une route directe pour y aller: parfait! Ce n'était par contre pas précisé que c'était une véritable piste dans la jungle, envahie par la végétation, et dont les abords faisaient aussi office de décharges sauvages par endroits! "Oh, you were not supposed to see that!" nous a dit en riant le proprio de notre auberge quand on est revenus! En tout cas, on était bien contents que la piste débouche, revenir sur nos pas à la noirceur dans la forêt tropicale ne faisait pas partie des choses qui nous tentaient!

Parenthèse: à Palau, il y a des poulets sauvages. Pas des poulets qui se sont enfuis et qui sont devenus sauvages: les poulets vivent vraiment à l'état sauvage dans la jungle ici! Et on en voit partout, ils pullulent!

Notre souper de sandwiches au poulet sur la terrasse du resto du Adventures Inn fut bienvenu après cette grosse journée! On était aussi heureux de retrouver notre lavage à peu près sec sur l'ingénieuse corde à linge installée par Mémé dans la chambre! Par contre, ma serviette, encore gorgée d'eau de mer du kayak, puait toujours autant!

On s'est couchés alors qu'un orage tropical s'abattait violemment sur Peleliu, faisait résonner la pluie sur le toit de tôle et virevolter furieusement les arbres à l'extérieur!

À bientôt!

vendredi 26 avril 2019

Kayak-camping dans les Rock Island

Salut c'est Marie-Pascale!

Samedi matin, Ron, charismatique propriétaire de la compagnie RIKE, est venu nous chercher à l'hôtel vers 7:45. On s'est rendus à leur bureau où il nous a clairement expliqué nos deux prochains jours d'expédition solo dans les Rock Island. Notre itinéraire tenait compte de la marée, pour qu'on ne soit jamais contre elle, et cherchait à limiter notre exposition au vent. Comme c'était la pleine lune la veille, il nous a expliqué que c'était une des plus grosses marées de l'année, soit de -0.1 pied à marée basse jusqu'à +6.2 pieds à marée haute! Muni d'une carte plastifiée, GPS-François allait être en charge de nous mener à bon port!

Rassurez-vous les parents, l'expédition semblait sécuritaire et on avait été bien briefé. Comme il nous l'a résumé à la fin, la section la plus dangereuse allait être à notre retour quand on allait marcher sur le quai qui est glissant à marée basse... ;) Il a aussi expliqué qu'il n'y avait pas vraiment d'animal dangereux dans la région et que les trois choses dont on devait avoir peur venaient plutôt des éléments: 
 - Coup de soleil: je vous apprends déjà que ce fut un échec sur ce point 
 - Déshydratation: ça c'est bon, on avait assez d'eau avec nous 
 - Infection si on se coupe sur un corail: à date, c'est bon sur ce point aussi!

On a mis notre stock à l'abri de l'eau dans les kayaks, il nous a donné un cours de 2 minutes sur comment manier les pagaies et on est partis, tout contents de notre plan de voyage!

On s'est rapidement éloignés de la ville, tombant déjà sur des petites îles de pure verdure! Les "Rock Islands" forment un archipel d'îles d'origine volcanique: elles sont en fait composées de magma séché. Ces gros pitons rocheux à la texture hétérogène sont entièrement couverts de végétation tropicale luxuriante. Leurs contours sont abrupts, souvent avec des falaises, et avec à peu près aucun dénivelé doux vers la mer. L'effet de la marée a même creusé la roche à la base de toutes les îles, comme les "pots de fleurs" de Mingan, rendant presque impossible un accostage sur les îles. On était à marée descendante donc on voyait bien ces concavités, composées de roche trouée où se promenaient crabes et occasionnelles étoiles de mer rouges ou bleu royal! La végétation des îles est dense, avec des plantes parasites sur tous les arbres et des fougères dans les coins d'ombre. Les arbres dépassent de 1-2 mètres les côtés des îles et les lianes ou quelques mangroves pendent dans l'espoir que leurs racines touchent à l'eau à marée haute. Bref, le tout est magnifique!

Quant à elle, l'eau est translucide ("spoiler alert"!)! Non mais translucide dans le sens où tu peux voir plusieurs mètres sous la surface, presque aucune particule flottante ne venant bloquer la vue! Elle est bleue turquoise quand il y a du sable et bleu marin quand elle est profonde. Ça a l'air difficile à croire toute cette beauté mais si vous ne me croyez pas sur parole, allez voir des photos sur internet! En fait, que vous me croyiez ou non, allez donc voir des photos quand même, vous ne serez pas déçus (mais vous risquez d'être jaloux, je m'en excuse). 

Par-dessus le silence complet, on entendait le son des oiseaux! Il y avait au loin une sorte de grincement doux en deux tons, qui rappelle le chant des tourterelles tristes. Il y avait aussi certains croassements, dont ceux des dizaines d'oiseaux blancs ou noirs unis de la même espèce qui semblent se nicher dans les falaises et sortaient à notre passage comme pour protéger leur territoire. 

Tous ces éléments mis ensemble, ça donnait un tableau particulièrement calme, qui invitait à la contemplation!

Après s'être extasiés dans une baie en contournant plusieurs îles, on a fait notre première baignade dans un coin tranquille où on voyait bien les coraux. Les kayaks attachés à notre cheville par une corde, on pouvait nager sans se soucier d'eux. On a fait du snorkeling pendant un bout, heureux de la température de l'eau, qui, même pour la frileuse que je suis, est tellement chaude qu'elle ne crée pas de choc quand on rentre dedans!

Un peu plus loin, on a pu accoster dans une baie peu profonde et on en a profité pour dîner (avec de succulents raviolis en canne Chef Boyardee haha). Puis on est arrivés au Mandarin Lake, où, vers 14;00 ce jour-là, la marée descendante faisait que de l'eau filtrée arrive des collines jusque dans une anse à l'intérieur d'une île, améliorant ainsi la visibilité sous l'eau. Comme c'est fait en recoin, les poissons "restent pris" sur place et ils sont donc en quantité plus élevée qu'ailleurs. On y a croisé un couple d'Allemands et leur guide de la même compagnie que nous puis on a nous aussi plongé avec nos masques et tubas pour aller admirer la vie sous-marine! Et quelle vie! Il y avait des centaines de poissons, de plein de sortes différentes: certains lignés jaune ou blanc, d'autres au long nez effilé, certains roses et verts avec nageoires jaunes, certains avec la tête bleue, d'autres à moitié vert... Même les tout blanc ou noir étaient beaux! Et ils ne sont pas peureux en plus, on peut les voir de près. Le corail est lui aussi impressionnant est vraiment très varié: forme de roche normale, ou de cerveau, ou d'arbre, ou de beigne, ou de cônes, ou de champignons plats... Ils sont majoritairement gris-beige mais certains ont des tons bleus, verts, rouges ou oranges, parfois même assez vif. En flottant comme ça dans ce paysage, on se croirait presque sur une autre planète tellement c'est différent de ce qu'on trouve sur Terre, c'est hypnotisant!

Un de nos moments préférés de la journée a été une section à marée basse, ou on avait une vue directe sur les coraux à environ 1 pied sous les kayaks! Ça donne un autre point de vue qui est vraiment beau et on a pu voir d'autres types de poissons, dont des petits bleus électrique! C'était une belle section, sauf le bout où il y avait du vent et où j'avais même de la misère à ne pas reculer (j'ai fini par hurler un "ATTENDS-MOI" de détresse à François qui lui était loin devant, comme si ça allait aider mes frêles biceps...)(François: je n'ai rien entendu! Pendant ce temps-là, un banc de raies manta est passé rapidement en "volant" sous l'eau pas loin de mon kayak, c'était incroyable!)

On devait attendre 16;30 pour contourner une île et se rendre à notre site de camping  question d'avoir la marée de notre côté. On a donc flâné dans une grande baie en longeant les bords. À ma grande déception (je m'en remets encore difficilement), nous n'avons pas vu de lamantins... La veille, il y en avait eu dans cette même baie et il paraît qu'on peut nager avec ces grosses vaches de mer inoffensives: le rêve!

Nous étions maintenant prêts à affronter la "grande mer" vers notre site de camping. Une chance que la marée était de notre bord (je pense que je serais encore là-bas à ramer sur place sinon) parce que le vent et les vagues, pourtant petites car freinées par une barrière de corail au large, nous compliquaient la vie! Entre mes "un-deux, un-deux" faussement motivés qui cherchaient à me donner des forces, on a dépassé le site de camping où dormaient les Allemands ainsi qu'une famille de Palauans. Éventuellement, on a atteint notre site qui donne sur une plage de coquillage de 10 mètres de large, couvert d'arbres matures éparses. Après une baignade, les canots montés hauts et la tente prête, on a mangé notre souper assis sur le nez de nos kayaks en écoutant le bruit des vagues. L'activité de la soirée fut d'observer les centaines (pour vrai) de Bernard l'Hermite et leurs carapaces parfois saugrenues. On a analysé avec intérêt leurs batailles pour obtenir de nouveaux coquillage-carapace dans deux zones particulièrement prisées de la plage, surnommées par la suite "Bernard l'Hermite City 1" et "Bernard l'Hermite City 2"! Une soirée hautement intellectuelle mais ô combien appréciée par François dont le Bernard l'Hermite est un de ses animaux préférés... Vous avez le droit de le juger.

On s'est couchés tôt, parce que le Bernard l'Hermite reste tout de même un divertissement limité, et parce que j'ai peur du noir. Une chance car nos 10h de sommeil de qualité médiocre n'ont pas été assez pour qu'on soit reposés le lendemain matin... Et il fallait partir avant 7;30 pour passer avant la marée descendante. L'itinéraire commençait avec deux grottes, la première étant plus ou moins impressionnante mais la deuxième valait le détour! Haute de presque 10 mètres je dirais, elle était toute ronde de l'intérieur, avec des stalactites et une ouverture au plafond qui laissait entrer un peu de clarté. Ensuite, on a pagayé jusqu'à une baie qui était une bonne place de snorkeling paraît-il mais on manquait de motivation avec notre fatigue et l'absence de soleil à ce moment qui rendait l'eau plus sombre et moins accueillante. On s'est tout de même diverti à suivre notre première méduse (orange, environ 2 pieds de long) qui flottait à la surface et n'était pas du tout dérangée par notre présence. Entre ses fils arrières (désolée méduse, je ne sais pas comment décrire ton anatomie), se trouvait un poisson de 10 cm avec des lignes jaunes verticales qui nageait avec elle sans arrêt... Va falloir qu'on s'instruise sur les méduses!

Le trajet entre les îles s'est poursuivi mais on sentait qu'on était un peu moins énergiques que la veille, aussi parce qu'on était un peu découragés par nos coups de soleil... He oui, malgré la crème qu'on avait utilisé abondamment la veille, le soleil équatorial avait eu raison de notre peau nordique. Bon, pour François qui devient un homard à chaque séjour à la plage qu'on fait, ce n'était pas si étonnant. Quant à elles, mes épaules retrouvaient ce cher sentiment d'avoir brûlé, mais je ne pouvais pas me plaindre par rapport à la superficie affectée chez François, dont des endroits toujours aussi étonnants comme le devant des aisselles (?) et l'intérieur du nombril...!

Après avoir erré pour trouver un endroit où accoster pour dîner (une crique un peu glauque finalement), on est repartis poursuivre notre exploration des îles. Dans une baie calme et bien éclairée, on a fait du snorkeling en s'extasiant encore une fois de nos trouvailles sous-marines. Il y avait une quantité impressionnante de "giant clam", des coquilles en zigzag de chaque côté, dont l'intérieur est bleu électrique unis ou léopard...!  

On a répété l'expérience un peu plus loin, au Lettuce Coral Wall , qui est littéralement un mur de coraux qui plonge subitement dans un trou d'eau profond d'une baie! On a dû passer plus d'une heure à longer cette falaise de coraux, donc la profondeur nous a fait voir des poissons de plus grande taille (jusqu'à 30 cm)!

Après la lecture de cette entrée de blog, j'imagine que vous vous demandez si j'exagère? Hé bien non, Palau est une des top destinations mondiales pour la plongée et le snorkeling! De quoi rendre tout plongeur jaloux de notre destination paraît-il... D'ailleurs, la grande majorité des touristes semblent venir ici pour la plongée, et tout le monde s'étonne qu'on ait choisi Palau comme destination alors qu'on ne fait pas de plongée... 

On avait rendez-vous entre 15;00 et 17;30 pour ramener les kayaks à Koror. Connaissiez-vous la tendance quasi-maladive de François à vouloir explorer TOUS les chemins possibles dans une destination? En rando il veut tester les sentiers parallèles, en auto trouver des chemins alternatifs, en canot explorer toutes les criques et les baies... On allait donc rentrer dans une énième anse, mais l'eau était un peu limite. Malgré mon début de chialage par rapport au fait qu'on allait abîmer les coraux et qu'on n'était pas obligés de faire toooooutes les baies, on y est allés pareil. L'anse assez explorée au goût de monsieur, nous voilà incapables de ressortir par le bras de mer où on est entrés... On finit par se rendre compte, tels deux marins d'eau douce, que la marée baisse encore et que les coraux sont maintenant exposés, bloquant complètement notre sortie!! Après avoir pensé à nos options possibles, on a conclu qu'on allait attendre (comme deux gros poissons) que la marée remonte juste comme quand on était rentrés... Mais ça reste combien de temps immobile une marée à son plus bas?!?

La réponse ce jour-là: environ 1h. Puis 30 minutes pour remettre assez d'eau pour qu'on passe par-dessus les coraux. Avec tout ça, on a pagayé comme des bons pour les dernières 20 minutes qui nous séparaient du quai, arrivant un peu après 17:30... 

Les deux employés de l'agence nous ont reconduit à notre hôtel, où, tout poisseux de crème solaire et de sel marin, on a appris qu'ils avaient mal compris notre réservation faite la veille et n'avaient qu'une chambre Deluxe, soit trop chère à notre humble avis. Nos backpacks sur le dos et les gougounes aux pieds, on a marché vers le "centre-ville" pour aller dormir à l'Hotel Palau, où on avait déjà réservé des nuits subséquentes. C'est vraiment une belle place et bien tenue donc on était contents de notre choix au final! 

Après une douche salutaire, on s'est dirigés vers le resto Mög Mög (qui voudrait dire "manger santé" en palauan) où on a testé une variété de plats d'ici. Boulette frite de tapioca dans son ketchup aux fruits (?), salade d'épinards et thon cru et cuit nous ont plu, mais le reste (genre de gelée de coconut orange, taro cuit, crabe au coco, okras cuits, aubergines froides) étaient plutôt ordinaires selon nos goûts... On aura essayé!

Puis ce fut l'heure d'un sommeil réparateur après ces deux jours magnifiques!