Babeldaob,
partie 1
Salut! C'est François qui aura les deux mains sur le volant (comme dirait l'autre) pour cette entrée!
Après un
satisfaisant déjeuner à l'hôtel Palau, on avait rendez-vous dans le lobby pour
prendre possession de notre bolide. En effet, pour les 2 prochains jours on
avait loué une voiture pour explorer l'île de Badeldoab, reliée à Koror par un
pont. Badeldoab, que les locaux appellent simplement "the Big
Island", est effectivement la plus grosse île de Palau, et de loin. Il
faut dire que les autres îles ne sont vraiment pas très étendues! Évidemment,
comme partout à Palau, il n'y a aucun transport en commun, donc la seule
manière de visiter Badeldoab est d'y aller en auto. Des points quand même pour
Budget Koror, qui nous livré notre rutilante Mazda 3 rouge (au volant à gauche)
directement à l'hôtel!
Et c'était un départ! Avoir notre propre moyen de transport agrandissait notre rayon d'action pour explorer les environs de Koror! On en a profité pour faire le tour de Ngerekabesang (prononcez ça 3 fois rapidement, pour voir), une autre île connectée à l'île de Koror par un causeway. On a d'ailleurs fait un arrêt sur le causeway en question, pour admirer la vue. Comme à peu près tout ouvrage d'importance ici, un panneau indiquait que sa construction avait été financée par le Japon. En fait, on dirait que toute l'infrastructure de Palau a été financée soit grâce au Japon, soit grâce à Taiwan!
On a quitté Ngerekabesang pour l'île de Malakal, où on a fait un arrêt au Icebox Park, un parc public face à la mer. Alors que je m'extasiais sur la beauté de l'endroit ("quel beau parc!"), Marie-Pascale m'a fait remarquer que l'endroit était passablement déglingué. En effet! N'eût été de la vue, pas sûr que les infrastructures m'auraient impressionné!
Par la suite, on est passés aux choses sérieuses et on a quitté Koror pour l'île de Babeldoab via le grand pont à haubans (gracieuseté du Japon, encore). Babeldoab est traversé par une route circulaire asphaltée (qu'on appelle ici la "compact road"), de laquelle partent plusieurs petites routes secondaires vers des hameaux. On s'est d'abord amusés de la vitesse à laquelle on traversait les États de Palau (il y en a 10 sur Babeldoab seulement!). Traverser le premier et le deuxième ensemble a dû nous prendre pas plus de 20 minutes! Notre premier arrêt était les Ngatpang Falls. La carte routière (notre meilleure amie à Palau, en l'absence de Lonely Planet) nous disait que c'était près de la route principale. En fait, c'était pas mal impossible à trouver! "Prenez la première route à droite, vous ne pouvez pas vous tromper!" nous a dit un empathique employée de la voirie. Route qu'on a jamais vue, avant de réaliser que ce chemin de garnotte mal entretenu et qu'on prenait pour une entrée privée était bien la "route" en question! Le tout menait à une genre de cour à scrap... À la guérite, la dame nous a dit que c'était juste à côté, alors que sa meute de chiens entouraient la voiture en jappant! On est allés stationner quelques mètres plus loin et on a ramassé quelques pierres au cas où, mais les chiens préféraient nous invectiver à distance plutôt que de s'essayer à croquer nos mollets! Au bout du chemin, derrière une poubelle, commençait effectivement le sentier pour se rendre à la chute. Sans panneau ni autre indication, disons qu'il fallait le savoir! Le sentier semblait avoir fait l'objet d'un entretien aléatoire dans le meilleur des cas, et la végétation envahissait lentement le tout. Finalement, on est arrivé en haut de la petite chute du gros ruisseau qu'on suivait depuis un moment. Pas moyen de descendre pour observer d'en bas. À moins que... Une corde était tendue d'une rive à l'autre, et on pouvait visiblement traverser à gué l'eau peu profonde pour atteindre l'autre côté. Oh boy, tellement Palau comme organisation! Pas d'indications, juste une impression d'être dans un jeu vidéo où il faut observer autour de soi pour trouver des indices afin de résoudre un casse-tête pour accéder au niveau suivant haha!
On a
finalement opté pour la prudence (et pour garder nos pieds au sec) et on s'est
contentés de voir les chutes d'en haut (donc on a pas vu grand chose...). De
retour à la voiture, on a décidé d'obliquer vers le petit village de Ngatpang
et de tester les petits chemins de traverse. Le paysage de Babeldaob offre un
très beau spectacle pour les yeux: l'île est parsemée de petites collines
recouvertes de végétation luxuriante, et la mer turquoise n'est jamais très
loin. Il y a assez peu d'habitations: on a l'impression que l'île est
pratiquement vierge. Quand les routes grimpent sur les hauteurs, on a de
superbes points de vue! Et évidemment, les arbres tropicaux et les fleurs émaillent
le paysage. Bref, c'est très beau, et notre trajet vers Ngatpang ne faisait pas
exception!
Enhardis par notre expérience, on a choisi de revenir à la compact road via les routes secondaires de l'État d'Aimeliik voisin. Là, les choses devenaient plus funky: on suivait maintenant des pistes dans la jungle plutôt que des routes de gravier! Disons qu'on sortait un peu des sentiers battus haha! Ça nous a permis de visiter l’un des champs en terrasses sur lesquelles les Paluans cultivaient anciennement le taro, une racine un peu fade qui constituait la base de leur alimentation par le passé. On a ensuite obliqué vers une route - qui n'était pas en meilleur état - vers la tombe de Malsol, un ancien guerrier apparemment mort lapidé dans le cadre d'une histoire compliquée (c'est toujours compliqué ces affaires-là, il me semble que les légendes ne sont jamais faciles à expliquer...) En tout cas on n'est pas certains d'avoir trouvé la tombe (c'était peut-être la plateforme de pierres à laquelle on est parvenus, mais c'était pas clair pour faire changement). Plus intéressante était notre balade sur l'ancien sentier de pierre, un vestige de l'époque où ces routes reliaient les villages de Babeldaob entre eux à travers la jungle. Un peu comme les voies romaines, mais en plus rustique quand même! Bien joli en tout cas, mais avec la mousse glissante qui recouvrait les rochers (pointus par endroits) du sentier, on avait de la misère à avoir comment les Paluans pouvaient anciennement courir pieds nus là-dessus! Ils devaient avoir de la corne ultrarésistante sous la plante des pieds! Notre balade nous a aussi fait voir un petit serpent bleu. Heureusement, à Palau, ils sont apparemment non-venimeux... En tout cas c'est ce qu'on nous a dit, et on s’est satisfait de cette réponse!
Un peu plus loin se trouvait un magnifique bai traditionnel. À l’extérieur et à l’intérieur figuraient des représentations peintes de la faune locale (crocodiles, chauve-souris, oiseaux et beaucoup de poissons) et de scènes de la vie quotidienne. La société paluane étant traditionnellement matriarcale, c’est une femme qui figure au dessus de l’entrée. Pour une raison mystérieuse, les hommes étaient tous représentés nus, avec de très gros pénis, alors que les attributs des femmes (sauf celles de l’entrée) étaient invisibles. Va savoir... Évidemment, le State Office était situé juste à côté du bai, question qu'on achète un "permis" pour visiter les attractions de l'État! Disons qu'il faut voir ça comme une taxe locale, pare que 10$ US pour visiter un petit bâtiment, c'est un peu cher payé haha!
De retour sur la compact road, on a roulé une vingtaine de minutes et traversé deux autres États (!!) à travers des paysages magnifiques (et toujours moins de circulation: on était pratiquement seuls sur la route) pour atteindre notre prochain point d'intérêt: les Ngardmau Waterfalls, les plus hautes chutes de Micronésie (la région du monde où on se trouve)! Mais d'abord, on a trouvé un coin à l'ombre où on a pique-niqué. Au menu: des bento boxes que Sam's Tours nous avait préparé la veille pour notre cours de plongée alors qu'on avait déjà mangé!
De là, on a suivi le sentier (cette fois bien indiqué!) vers les chutes. En chemin, on a croisé de vieux rails. Difficile à croire pour un si minuscule pays, mais il y a déjà eu des (petits) trains à Palau, à l'époque de la colonisation japonaise! Bon, ils n'allaient pas bien loin: les wagons servaient à transporter la bauxite de la mine toute proche vers un quai près de l'océan. On a suivi les rails un moment jusqu'à ce que la jungle devienne trop dense, puis on a rebroussé chemin et continué vers les chutes. À un certain moment, le sentier continuait littéralement dans la rivière: on suivait le roc autour duquel coulait de minces filets d'eau! Finalement, on est arrivés! Vous savez l'image de la chute tropicale idyllique, avec un rideau d'eau bien chaude qui tombe sur un bassin dans lequel on peut se baigner? Eh bien on y était! Bon, les roches n'étaient pas très confortables pour les pieds, mais dans la moiteur tropicale de l'après-midi, cette douche était plus que bienvenue! Dans le bassin batifolaient des genre de truites. Tsé quand tu es un poisson d'eau douce, dans une petite rivière d'une petite île entourée de milliers de kilomètres d'océan, c'est vraiment ce qui s'appelle occuper un métier spécialisé!
On s'est fait sécher en observant la beauté du paysage. La brise et l'ombre des grands arbres rendaient le tout particulièrement agréable. Pas facile la vie! On a suivi le vol d'une grosse chauve-souris frugivore (l'un des gros mammifères de Palau!) avant de piquer une jasette à un couple d'Australiens qui venaient d'arriver à la chute. "My condolences for your bank account!" nous a dit l'homme avec un accent à couper au couteau! Il a bien raison: Palau, c'est vraiment pas donné! C'est sûr et certain qu'on n'aurait pas pu survivre dans ce pays sur le budget qui était le nôtre quand on était des backpackers qui comptions nos sous!
On a été surpris par une averse tropicale sur le chemin du retour, mais, comme c'est souvent le cas, ce fut de courte durée. Une fois derrière le volant, on s'est perdus dans les petites routes secondaires en tentant de rejoindre le village de Ngardmau, ce qui nous a tout de même permis d'observer les anciennes exploitations de bauxite japonaises (d'où partaient les rails évoqués plus haut). Puis, on a quitté la compact road circulaire pour emprunter la route qui nous mènerait vers le bout de l'île au Nord. Géographiquement, Babeldaob est un peu faite comme la Corse, en long avec une petite péninsule plus étroite vers le nord. La comparaison s'arrête là par contre! Toute en hauteur, la route du nord offrait de superbes points de vue sur la lagon, la barrière de corail et l’océan au-delà.
Au quai de Ngarchelong, tout au nord de l'île, on a immortalisé notre "exploit" de se rendre jusqu'au bout de la route (!!) en prenant un selfie avec notre fidèle monture! On est ensuite revenus un peu sur nos pas pour se rendre à notre dernière attraction de la journée: les monolithes de pierre de Baldruchau. Situées dans un cadre enchanteur, dans une pente herbeuse faisant face à la mer, ces pierres taillées énigmatiques, vieilles d'environ 2000 ans, sont à Palau ce que les statues de pierre sont à l'île de Pâques. Les grandes pierres sont alignées d'une manière très précise, ce qui laisse croire qu'elles ont pu être les fondations d'un grand édifice (peut-être un bai), mais personne n'en est sûr. Plus étonnant encore sont les visages grimaçants taillés sur certaines pierres, et avec lesquels on s'est bien amusés à se prendre en photo. Les pierres en question sont d’origine volcanique et ressemblent à de la vieille asphalte. On a appris que ça s'appelait des puddingstones, ce qui n’a pas manqué de nous faire sourire. On a quitté ce surprenant endroit en disant au revoir aux enfants qui jouaient pendant que leur mère gérait le site, puis on a repris la route.
Notre
destination finale pour la journée: les M & A Riverside Bungalows! Il n'y a
pas beaucoup d'endroits où dormir (et manger) sur Babeldaob et ce resort
low-key était à peu près le seul établissement pour ce faire (et ça nous avait
pris pas mal de temps à réserver tout ça, voir l’entrée précédente). Sur place,
on a constaté qu'on était aussi les seuls clients! On avait la plage de sable,
les cocotiers, le petit ruisseau qui traversait la propriété et toutes les
installations pour nous tout seuls! Quand est-ce que ce genre de chose arrive
haha?!?! On a profité de la marée basse pour marcher sur la plage, le temps que
les très attentionnées employées philippines nous préparent notre souper. Et
quel repas! Nos currys de poulet et de poisson, servis dans des feuilles
d’arbre courbées comme des bols (!), étaient tout simplement succulents! La
genre de joséphine aux bananes comme dessert a également été un gros hit de mon
côté! On mangeait dehors et on s'est amusés à observer les lézards dévorer des
quantités impressionnantes de mouches attirées par la lumière. On devrait en
importer au Québec, ils deviendraient énormes à force de gober des mouches
noires! On est revenus à notre bungalow en évitant à la fois les gros crapauds
et les minuscules grenouilles qui bondissaient sur le terrain. Disons que le
petit ruisseau était une terre promise pour eux!
Notre bungalow avait une déco digne des années 1970 et un air climatisé beaucoup trop bruyant pour le prix qu'on payait, mais était bien sympathique. Moins agréable a été la découverte de 3 grosses coquerelles dans la salle de bains et sous un sofa! On leur a cependant rapidement déclaré la guerre. Armée d'un balai, Mémé renvoyait vers la salle de bains les coquerelles paniquées qui tentaient de fuir, pendant que j'essayais de les y piéger à l'aide d'un bol et d'une feuille plastifiée pour pouvoir les jeter à l'extérieur. Je vous laisse imaginer la scène: c'était probablement encore plus ridicule que vous le croyez haha!
On vous envoie la suite bientôt, le temps de savourer notre victoire temporaire contre les insectes!
Entre Terre-Neuve et Badeldoab, où retourneriez-vous, peu importe le prix final? Question rhétorique.
RépondreEffacerTerre-Neuve je dirais héhé
EffacerHé hé! comme vous dites.
EffacerPlus cher, moins de touristes. Moins d'entretien, moins de touristes. Même les touristes veulent moins de touristes.
RépondreEffacerJe me demande si vous avez choisi cette destination pour pouvoir cocher sur votre feuille de route de voyageurs autant de fois que d'"États" visités?
RépondreEffacerNon mais à bien y penser, c'est une bonne idée...!
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