vendredi 26 avril 2019

Kayak-camping dans les Rock Island

Salut c'est Marie-Pascale!

Samedi matin, Ron, charismatique propriétaire de la compagnie RIKE, est venu nous chercher à l'hôtel vers 7:45. On s'est rendus à leur bureau où il nous a clairement expliqué nos deux prochains jours d'expédition solo dans les Rock Island. Notre itinéraire tenait compte de la marée, pour qu'on ne soit jamais contre elle, et cherchait à limiter notre exposition au vent. Comme c'était la pleine lune la veille, il nous a expliqué que c'était une des plus grosses marées de l'année, soit de -0.1 pied à marée basse jusqu'à +6.2 pieds à marée haute! Muni d'une carte plastifiée, GPS-François allait être en charge de nous mener à bon port!

Rassurez-vous les parents, l'expédition semblait sécuritaire et on avait été bien briefé. Comme il nous l'a résumé à la fin, la section la plus dangereuse allait être à notre retour quand on allait marcher sur le quai qui est glissant à marée basse... ;) Il a aussi expliqué qu'il n'y avait pas vraiment d'animal dangereux dans la région et que les trois choses dont on devait avoir peur venaient plutôt des éléments: 
 - Coup de soleil: je vous apprends déjà que ce fut un échec sur ce point 
 - Déshydratation: ça c'est bon, on avait assez d'eau avec nous 
 - Infection si on se coupe sur un corail: à date, c'est bon sur ce point aussi!

On a mis notre stock à l'abri de l'eau dans les kayaks, il nous a donné un cours de 2 minutes sur comment manier les pagaies et on est partis, tout contents de notre plan de voyage!

On s'est rapidement éloignés de la ville, tombant déjà sur des petites îles de pure verdure! Les "Rock Islands" forment un archipel d'îles d'origine volcanique: elles sont en fait composées de magma séché. Ces gros pitons rocheux à la texture hétérogène sont entièrement couverts de végétation tropicale luxuriante. Leurs contours sont abrupts, souvent avec des falaises, et avec à peu près aucun dénivelé doux vers la mer. L'effet de la marée a même creusé la roche à la base de toutes les îles, comme les "pots de fleurs" de Mingan, rendant presque impossible un accostage sur les îles. On était à marée descendante donc on voyait bien ces concavités, composées de roche trouée où se promenaient crabes et occasionnelles étoiles de mer rouges ou bleu royal! La végétation des îles est dense, avec des plantes parasites sur tous les arbres et des fougères dans les coins d'ombre. Les arbres dépassent de 1-2 mètres les côtés des îles et les lianes ou quelques mangroves pendent dans l'espoir que leurs racines touchent à l'eau à marée haute. Bref, le tout est magnifique!

Quant à elle, l'eau est translucide ("spoiler alert"!)! Non mais translucide dans le sens où tu peux voir plusieurs mètres sous la surface, presque aucune particule flottante ne venant bloquer la vue! Elle est bleue turquoise quand il y a du sable et bleu marin quand elle est profonde. Ça a l'air difficile à croire toute cette beauté mais si vous ne me croyez pas sur parole, allez voir des photos sur internet! En fait, que vous me croyiez ou non, allez donc voir des photos quand même, vous ne serez pas déçus (mais vous risquez d'être jaloux, je m'en excuse). 

Par-dessus le silence complet, on entendait le son des oiseaux! Il y avait au loin une sorte de grincement doux en deux tons, qui rappelle le chant des tourterelles tristes. Il y avait aussi certains croassements, dont ceux des dizaines d'oiseaux blancs ou noirs unis de la même espèce qui semblent se nicher dans les falaises et sortaient à notre passage comme pour protéger leur territoire. 

Tous ces éléments mis ensemble, ça donnait un tableau particulièrement calme, qui invitait à la contemplation!

Après s'être extasiés dans une baie en contournant plusieurs îles, on a fait notre première baignade dans un coin tranquille où on voyait bien les coraux. Les kayaks attachés à notre cheville par une corde, on pouvait nager sans se soucier d'eux. On a fait du snorkeling pendant un bout, heureux de la température de l'eau, qui, même pour la frileuse que je suis, est tellement chaude qu'elle ne crée pas de choc quand on rentre dedans!

Un peu plus loin, on a pu accoster dans une baie peu profonde et on en a profité pour dîner (avec de succulents raviolis en canne Chef Boyardee haha). Puis on est arrivés au Mandarin Lake, où, vers 14;00 ce jour-là, la marée descendante faisait que de l'eau filtrée arrive des collines jusque dans une anse à l'intérieur d'une île, améliorant ainsi la visibilité sous l'eau. Comme c'est fait en recoin, les poissons "restent pris" sur place et ils sont donc en quantité plus élevée qu'ailleurs. On y a croisé un couple d'Allemands et leur guide de la même compagnie que nous puis on a nous aussi plongé avec nos masques et tubas pour aller admirer la vie sous-marine! Et quelle vie! Il y avait des centaines de poissons, de plein de sortes différentes: certains lignés jaune ou blanc, d'autres au long nez effilé, certains roses et verts avec nageoires jaunes, certains avec la tête bleue, d'autres à moitié vert... Même les tout blanc ou noir étaient beaux! Et ils ne sont pas peureux en plus, on peut les voir de près. Le corail est lui aussi impressionnant est vraiment très varié: forme de roche normale, ou de cerveau, ou d'arbre, ou de beigne, ou de cônes, ou de champignons plats... Ils sont majoritairement gris-beige mais certains ont des tons bleus, verts, rouges ou oranges, parfois même assez vif. En flottant comme ça dans ce paysage, on se croirait presque sur une autre planète tellement c'est différent de ce qu'on trouve sur Terre, c'est hypnotisant!

Un de nos moments préférés de la journée a été une section à marée basse, ou on avait une vue directe sur les coraux à environ 1 pied sous les kayaks! Ça donne un autre point de vue qui est vraiment beau et on a pu voir d'autres types de poissons, dont des petits bleus électrique! C'était une belle section, sauf le bout où il y avait du vent et où j'avais même de la misère à ne pas reculer (j'ai fini par hurler un "ATTENDS-MOI" de détresse à François qui lui était loin devant, comme si ça allait aider mes frêles biceps...)(François: je n'ai rien entendu! Pendant ce temps-là, un banc de raies manta est passé rapidement en "volant" sous l'eau pas loin de mon kayak, c'était incroyable!)

On devait attendre 16;30 pour contourner une île et se rendre à notre site de camping  question d'avoir la marée de notre côté. On a donc flâné dans une grande baie en longeant les bords. À ma grande déception (je m'en remets encore difficilement), nous n'avons pas vu de lamantins... La veille, il y en avait eu dans cette même baie et il paraît qu'on peut nager avec ces grosses vaches de mer inoffensives: le rêve!

Nous étions maintenant prêts à affronter la "grande mer" vers notre site de camping. Une chance que la marée était de notre bord (je pense que je serais encore là-bas à ramer sur place sinon) parce que le vent et les vagues, pourtant petites car freinées par une barrière de corail au large, nous compliquaient la vie! Entre mes "un-deux, un-deux" faussement motivés qui cherchaient à me donner des forces, on a dépassé le site de camping où dormaient les Allemands ainsi qu'une famille de Palauans. Éventuellement, on a atteint notre site qui donne sur une plage de coquillage de 10 mètres de large, couvert d'arbres matures éparses. Après une baignade, les canots montés hauts et la tente prête, on a mangé notre souper assis sur le nez de nos kayaks en écoutant le bruit des vagues. L'activité de la soirée fut d'observer les centaines (pour vrai) de Bernard l'Hermite et leurs carapaces parfois saugrenues. On a analysé avec intérêt leurs batailles pour obtenir de nouveaux coquillage-carapace dans deux zones particulièrement prisées de la plage, surnommées par la suite "Bernard l'Hermite City 1" et "Bernard l'Hermite City 2"! Une soirée hautement intellectuelle mais ô combien appréciée par François dont le Bernard l'Hermite est un de ses animaux préférés... Vous avez le droit de le juger.

On s'est couchés tôt, parce que le Bernard l'Hermite reste tout de même un divertissement limité, et parce que j'ai peur du noir. Une chance car nos 10h de sommeil de qualité médiocre n'ont pas été assez pour qu'on soit reposés le lendemain matin... Et il fallait partir avant 7;30 pour passer avant la marée descendante. L'itinéraire commençait avec deux grottes, la première étant plus ou moins impressionnante mais la deuxième valait le détour! Haute de presque 10 mètres je dirais, elle était toute ronde de l'intérieur, avec des stalactites et une ouverture au plafond qui laissait entrer un peu de clarté. Ensuite, on a pagayé jusqu'à une baie qui était une bonne place de snorkeling paraît-il mais on manquait de motivation avec notre fatigue et l'absence de soleil à ce moment qui rendait l'eau plus sombre et moins accueillante. On s'est tout de même diverti à suivre notre première méduse (orange, environ 2 pieds de long) qui flottait à la surface et n'était pas du tout dérangée par notre présence. Entre ses fils arrières (désolée méduse, je ne sais pas comment décrire ton anatomie), se trouvait un poisson de 10 cm avec des lignes jaunes verticales qui nageait avec elle sans arrêt... Va falloir qu'on s'instruise sur les méduses!

Le trajet entre les îles s'est poursuivi mais on sentait qu'on était un peu moins énergiques que la veille, aussi parce qu'on était un peu découragés par nos coups de soleil... He oui, malgré la crème qu'on avait utilisé abondamment la veille, le soleil équatorial avait eu raison de notre peau nordique. Bon, pour François qui devient un homard à chaque séjour à la plage qu'on fait, ce n'était pas si étonnant. Quant à elles, mes épaules retrouvaient ce cher sentiment d'avoir brûlé, mais je ne pouvais pas me plaindre par rapport à la superficie affectée chez François, dont des endroits toujours aussi étonnants comme le devant des aisselles (?) et l'intérieur du nombril...!

Après avoir erré pour trouver un endroit où accoster pour dîner (une crique un peu glauque finalement), on est repartis poursuivre notre exploration des îles. Dans une baie calme et bien éclairée, on a fait du snorkeling en s'extasiant encore une fois de nos trouvailles sous-marines. Il y avait une quantité impressionnante de "giant clam", des coquilles en zigzag de chaque côté, dont l'intérieur est bleu électrique unis ou léopard...!  

On a répété l'expérience un peu plus loin, au Lettuce Coral Wall , qui est littéralement un mur de coraux qui plonge subitement dans un trou d'eau profond d'une baie! On a dû passer plus d'une heure à longer cette falaise de coraux, donc la profondeur nous a fait voir des poissons de plus grande taille (jusqu'à 30 cm)!

Après la lecture de cette entrée de blog, j'imagine que vous vous demandez si j'exagère? Hé bien non, Palau est une des top destinations mondiales pour la plongée et le snorkeling! De quoi rendre tout plongeur jaloux de notre destination paraît-il... D'ailleurs, la grande majorité des touristes semblent venir ici pour la plongée, et tout le monde s'étonne qu'on ait choisi Palau comme destination alors qu'on ne fait pas de plongée... 

On avait rendez-vous entre 15;00 et 17;30 pour ramener les kayaks à Koror. Connaissiez-vous la tendance quasi-maladive de François à vouloir explorer TOUS les chemins possibles dans une destination? En rando il veut tester les sentiers parallèles, en auto trouver des chemins alternatifs, en canot explorer toutes les criques et les baies... On allait donc rentrer dans une énième anse, mais l'eau était un peu limite. Malgré mon début de chialage par rapport au fait qu'on allait abîmer les coraux et qu'on n'était pas obligés de faire toooooutes les baies, on y est allés pareil. L'anse assez explorée au goût de monsieur, nous voilà incapables de ressortir par le bras de mer où on est entrés... On finit par se rendre compte, tels deux marins d'eau douce, que la marée baisse encore et que les coraux sont maintenant exposés, bloquant complètement notre sortie!! Après avoir pensé à nos options possibles, on a conclu qu'on allait attendre (comme deux gros poissons) que la marée remonte juste comme quand on était rentrés... Mais ça reste combien de temps immobile une marée à son plus bas?!?

La réponse ce jour-là: environ 1h. Puis 30 minutes pour remettre assez d'eau pour qu'on passe par-dessus les coraux. Avec tout ça, on a pagayé comme des bons pour les dernières 20 minutes qui nous séparaient du quai, arrivant un peu après 17:30... 

Les deux employés de l'agence nous ont reconduit à notre hôtel, où, tout poisseux de crème solaire et de sel marin, on a appris qu'ils avaient mal compris notre réservation faite la veille et n'avaient qu'une chambre Deluxe, soit trop chère à notre humble avis. Nos backpacks sur le dos et les gougounes aux pieds, on a marché vers le "centre-ville" pour aller dormir à l'Hotel Palau, où on avait déjà réservé des nuits subséquentes. C'est vraiment une belle place et bien tenue donc on était contents de notre choix au final! 

Après une douche salutaire, on s'est dirigés vers le resto Mög Mög (qui voudrait dire "manger santé" en palauan) où on a testé une variété de plats d'ici. Boulette frite de tapioca dans son ketchup aux fruits (?), salade d'épinards et thon cru et cuit nous ont plu, mais le reste (genre de gelée de coconut orange, taro cuit, crabe au coco, okras cuits, aubergines froides) étaient plutôt ordinaires selon nos goûts... On aura essayé!

Puis ce fut l'heure d'un sommeil réparateur après ces deux jours magnifiques!

4 commentaires:

  1. Je m'excuse... j'ai ri à l'intérieur du nombril, alors que c'est franchement souffrant, un coup de soleil.

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  2. Moi qui pensais que vous alliez "chiller", bronzer... pas ramer pis brûler!!!!

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  3. Venons-nous d'assister en direct à la naissance d'une passion pour la vie sous-marine?
    A Marie-Pascale: avant de te relancer dans pareille aventure, il te faut un programme "push ups", poids et haltères!
    Maman

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    1. Je sais ça aurait été bien... J'ai toutefois bien survécu, en ayant plus mal au genou gauche (?) qu'aux biceps...

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