Salut! C'est François qui vous accompagnera dans notre escapade à Peleliu!
Donc c'est confirmé: les déjeuners au Palau Hotel sont pas mal meilleurs qu'à l'autre hôtel chinois! En passant, vous aviez déjà mangé ça, vous, de l'oignon cuit entouré de bacon? Sachant que l'oignon est mon légume préféré (eh oui, vous savez tout sur moi maintenant), c'était une belle découverte haha! On a déjeuné en compagnie d'un couple de Chinois, dont la fille portait une jaquette résolument trop courte qui laissait voir ses sous-vêtements. Un peu bizarre...
Le reste de l'avant-midi fut consacré à du gossage pour appeler les banques au Québec... Figurez-vous que, pour on ne sait quelle raison, Tangerine avait bloqué le compte chèque de Marie-Pascale, celui duquel on sortait notre argent pour le voyage. Pourtant, prévoyante, elle les avait avisés avant de partir pour leur indiquer qu'on s'apprêtait à passer 10 jours à Palau, en leur donnant nos dates exactes! Mais voilà, on a pu faire 2 retraits avant qu'ils ne gèlent tout. "Appelez-nous pour faire débloquer votre compte" disait le courriel qu'on a reçu. Sérieusement, ces gens-là ont-ils déjà voyagé? Savent-ils à quel point c'est compliqué de faire un appel au Canada depuis l'étranger quand tu n'as pas de carte sim locale du pays, et quand tu es ailleurs qu'aux États-Unis ou en Europe? "Ben les appels à frais virés sont gratuits..." Encore faut-il trouver un téléphone qui veuille bien accepter de faire ce type d'appel! Les téléphones filaires ne permettent généralement que les appels locaux et ma carte sim chinoise ne fonctionnait pas à Palau pour ce genre d'appel... On fait quoi? Il faut vraiment dépenser de l'argent et du temps pour acheter une carte sim locale qui permette les appels internationaux, en croisant les doigts pour que ça marche? Pour un seul appel??? Et évidemment, pas moyen de régler cette situation en ligne, par clavardage ou par courriel. Non non. Il. Faut. Un. Appel. Comme en 1980... Encore heureux qu'on ne nous demande pas de leur envoyer un fax... Bref, on a fini par appeler via Skype, en profitant du mois d'essai gratuit pour les appels vers l'étranger. Tout ça pour se faire dire "Ah ben on comprend pas vraiment pourquoi ça a gelé votre compte, en tout cas c'est bizarre..." Ahlalala...
La bonne nouvelle après ça, c'était que notre compte était désormais utilisable et qu'on pouvait sortir de l'argent. Victoire!
Un peu avant midi, on a quitté l'hôtel Palau pour marcher vers le quai d'où partaient les ferries pour notre destination du jour: Peleliu! C'était important d'être là d'avance: il n'y a que 3 bateaux par semaine... On a marché jusqu'à Malakal, c'est-à-dire assez loin, mais le soleil était un peu moins fort que la veille (au grand bonheur de nos coups de soleils respectifs). Quand même, il faisait chaud! "Wow, you're fast! I saw you walking on the road!" nous a dit une dame en auto alors qu'on sortait d'un dépanneur avec une bouteille d'eau glacée. Eh oui, rien n'arrête les marcheurs invétérés que nous sommes!
Au quai, on a demandé autour de nous pour trouver le ferry. Disons que ce n'était pas très évident: aucun panneau, aucune guérite n'indiquait quelle embarcation prendre! En tout cas on a fini par trouver. Je m'attendais à un traversier capable d'emmener des voitures, mais c'était finalement un assez petit bateau pour passagers seulement. Mémé s'est installée sur un banc pour nous réserver des sièges pendant que j'allais nous chercher à manger. L'énorme portion de poke de thon était néanmoins trop piquante pour le palais délicat de la capricieuse de l'épicé qui me sert de compagne de voyage, et l'incendie a bien dû nécessiter la moitié de notre 2L d'eau! Pendant ce temps, les employés du bateau étaient bien occupés à entreposer à bord les marchandises les plus diverses (dont une toilette, dont l'arrivée soulagera à coup sûr l'insulaire qui en a passé la commande!)
Finalement, à 14 h, on levait l'ancre! Pendant 1h 30, on a navigué à travers les décidément magnifiques Rock Islands sur une mer turquoise assez clémente. Dans le bateau, on s'est vite rendus compte qu'on était les seuls touristes... Pourquoi on a souvent l'impression que les gens ne voyagent pas comme nous? On aime bien prendre les transports locaux! Rapidement, tout le monde s'est mis à nous demander d'où on venait et ce qu'on avait fait dans le pays à date: un classique! Puis:
- "Are you looking for a room on Peleliu? (on n'avait rien réservé)
- We'll think about it! (On aime pas trop dire oui à des offres comme ça, on aime bien faire nos indépendants)
- We can have somebody to take you to the hotel.
- It's fine, we'll walk.
- It's far and hot!
- We'll walk, no worries :)
À un certain moment, la mer a commencé à être plus houleuse et les vagues éclaboussaient les gens. Le matelot a alors descendu des genre de toiles protectrices sur les côtés du navire, mais c'était OK pour nous alors on lui a fait signe que c'était pas nécessaire (d'autant plus que ça nous cachait le paysage...). Par contre, éventuellement, on s'est rendus compte que la dame derrière nous recevait de l'eau mais ne bronchait pas, alors on a bien vite accepté pour ne pas qu'elle soit trempée! La pauvre!
À l'approche de Peleliu, la marée basse nous obligeait à naviguer lentement entre les bancs de sable, dans un chenal étroit. Et c'est à ce moment que la dame qui nous avait abordé pour l'hôtel nous a redemandé ce qu'on comptait faire. "Oh, we'll walk!" "But I already called the driver to pick you up!" Sur le coup on était un peu fâchés: on n'avait pas dit oui à son offre, et voilà qu'elle nous imposait en quelque sorte qu'on aille là-bas! Évidemment, maintenant que quelqu'un venait exprès nous chercher, on se sentait mal de dire qu'on voulait y aller par nous-mêmes... Mais bon, il y a des fois où on doit abdiquer en voyage, et c'était l'une d'entre elles... Une fois à terre, on est donc montés dans la minivan où nous attendait un gars super sympathique: le proprio de l'auberge Adventures Inn Peleliu. On ne le savait pas encore, mais une chance que notre bonne étoile avait fait en sorte qu'on soit aiguillonnés vers cet hôtel!
Comme d'habitude à Palau, les touristes doivent payer un permis pour visiter l'État où ils se trouvent. Ah oui, parce que le pays a beau être minuscule, il est divisé en 16 États, comme aux États-Unis! Par exemple, l'île de Peleliu, où on se trouvait, a beau ne faire que 19km2 et être peuplée d'à peine plus de 500 âmes, c'est bel et bien un État de la République de Palau, avec sa "State Legislature" (dans un cabanon: c'est même pas une blague!), ses propres plaques d'immatriculation, son drapeau et son Gouverneur! Bon, chez nous, on appellerait ça une municipalité (et encore), mais dans la vie, il faut voir grand!
Bref, nos permis payés, on a roulé pendant même pas 5 minutes pour aboutir au seul village de l'île. Les habitants lui ont donné un nom à coucher dehors (Klouklubed), alors on va l'appeler Linda (Bruno Blanchet, sors de ce corps)! Klouklubed, c'est trèèès tranquille. Une quinzaine de maisons, 3 dépanneurs, une école primaire, le cabanon-assemblée nationale, une bâtisse gouvernementale, quelques voitures, des enfants en vélo de temps en temps, et plein de chiens assoupis. Oh, et peu de choix d'hôtels... Et un seul resto, attenant à l'auberge et tenu par le couple qui runnait la place. On avait-tu bien fait d'embarquer dans la minivan finalement, je ne sais pas trop où on aurait dormi autrement haha!
Après avoir pris possession de nos chambres, il nous restait environs 2h de clarté. On en a profité pour explorer le nord de l'île, en se faisant littéralement saluer par tout le monde qu'on croisait. Sympathique, cette ambiance de (très) petit village isolé!
Ça nous a pris moins de 20 minutes retourner au quai où on avait accosté un peu plus tôt: disons que ce n'était pas très loin! En chemin, j'ai visité la Thousand Man Cave: un réseau de tunnels construits par les Japonais lors de la 2e guerre mondiale. C'était sombre, silencieux, pas du tout aménagé, avec des chauve-souris et de gros crabes cachés dans les anfractuosités de la pierre. Plusieurs soldats japonais sont morts dans ces cavernes durant la guerre, donc ça donnait un peu l'impression de visiter une crypte... Mémé n'a pas osé pas entrer... On a aussi vu plusieurs bunkers datant de la même époque en continuant notre route.
L'atmosphère était bien plus légère dans le petit parc au nord de l'île, où on a pris le temps de s'asseoir pour regarder la plage et les mangroves à la lumière du jour qui déclinait. Bien agréable! On est ensuite revenus au village par une route tranquille, où on a évidemment croisé beaucoup de chiens. Seule une poignée nous a jappé après, heureusement, la plupart continuant leur sieste dans la moiteur tropicale! On a aussi assisté à un spectacle cocasse quand une minivan s'est subitement arrêtée, puis a reculé quelques mètres devant nous. Le conducteur a alors ouvert sa portière pour saisir quelque chose qui trainait sur la route... un crabe vivant! Un souper aux fruits de mer inattendu haha!
De retour à Klouklubed après avoir passé un étang à crocodiles (sans reptiles visibles, ouf), on a jeté un oeil à un vieux poste de communications japonais avant de se diriger vers la plage. On y accédait via un hostel abandonné un peu glauque. La plage donne malheureusement sur une mer peu profonde et pleine de vase et d'algues, donc pas super pour se baigner. Par contre, le coucher de soleil était magnifique! Au retour, on a dû négocier mètre par mètre pour avancer dans le sentier face à des chiens jappeurs, avant que leur maître ne daigne enfin les ramener à la raison! Ah, les chiens pas attachés, c'est toujours plaisant! On est revenus manger au resto, où on a jasé avec la sympathique proprio. La seule autre cliente était l'infirmière du village, qui était en fait la dame qui recevait de l'eau derrière nous dans le bateau! "Vous preniez des photos, donc je ne voulais pas vous déranger!" Trop gentille! C'était très intéressant car, dans son petit dispensaire de Peleliu, elle vivait les mêmes réalités que Mémé à Blanc-Sablon! Évidemment, les deux se sont parlées toute la soirée dans leur langage médical commun! Au cours de la soirée, "nurse" (comme tout le monde l'appelait) a dû nous quitter pour un patient, qui avait parcouru le village en auto pour la trouver... Pas facile, d'être la seule personne de référence en santé dans un village isolé!
Nos spaghettis avalés, Marie-Pascale s'est lancée bravement dans un nécessaire lavage (on la remercie!), alors que j'écrivais ce blogue sur la terrasse du resto.
Le lendemain, on a pris notre déjeuner sur ladite terrasse du resto d'à côté, tout en discutant de l'histoire récente de Palau avec le proprio. Colonie allemande (eh oui!) jusqu'à la 1ère guerre mondiale, l'archipel a ensuite été confié aux Japonais. Selon ce qu'on nous a dit, les gens gardent une impression assez positive de l'époque japonaise: des mariages interethniques avaient lieu et l'origine des influences asiatiques qui sous-tendent la société paluane datent de cette période. La 2e guerre mondiale, et l'occupation américaine qui a suivi, a radicalement changé la face des îles. Les États-Unis ont importé leur mode de vie, leurs produits et leurs idées. Indépendant depuis 1994, Palau reste un quasi-État américain: par exemple, les Paluans peuvent se rendre sans visa aux États-Unis et même servir dans l'armée américaine! Ma fibre d'historien était très intéressée d'en savoir plus sur le passé de Palau, cette page peu consultée du livre de l'histoire du monde!
Ensuite, on a enfourché nos vieux vélos lourds et sans vitesses (avec notre lunch dans une glacière fixée en arrière) et on s'est lancés dans l'exploration de Peleliu. Comme ce n'est pas bien grand ni très accidenté comme île, le vélo est décidément le meilleur moyen de transport! Et disons qu'on n'est pas trop embêtés par la circulation automobile haha!
En sortant du village, notre premier arrêt fût le dispensaire! La veille, Mémé avait demandé à l'infirmière si elle pouvait venir visiter ses installations, car elle était curieuse de voir à quoi ça ressemblait! La nurse était ravie qu'on passe la voir et on a pu visiter toutes les salles du petit établissement. On en a aussi profité pour jaser avec un médecin militaire américain de passage pour la journée à Peleliu. Outre son travail médical, lui et son équipe étaient notamment responsables d'entretenir les monuments de guerre américains de l'île. Disons qu'il faut être multitâches dans un endroit où il y a si peu de personnel: l'infirmière disait qu'elle coupait elle-même le gazon du dispensaire quand il n'y avait pas de patients!
On est ensuite repartis en vélo pour atteindre le musée de l'île, situé dans un ancien bunker japonais passablement amoché par des trous d'obus. Vous trouvez peut-être que ça fait pas mal de fois que j'évoque la deuxième guerre mondiale dans ce blogue. C'est que l'île autrement idyllique de Peleliu cache un sombre passé. Entre septembre et novembre 1944, une bataille terrible a fait rage ici entre l'armée américaine et japonaise. Ce qui devait être un engagement militaire de quelques jours s'est transformé en épouvantable guerre d'attrition en raison de la résistance acharnée des défenseurs japonais. Ces derniers avaient percé des tunnels dans le massif montagneux qui traverse l'île et il fallut 2 mois et de très lourdes pertes avant que les Américains ne puissent les en déloger. Et encore: sur la route vers le musée figure un monument à la mémoire de la douzaine de Japonais qui se sont rendus aux Américains... 2 ans après la fin de la guerre! Ils se cachaient dans des grottes et menaient encore des actions de guérilla bien après que les bombes atomiques aient été larguées sur Hiroshima et Nagasaki, inconscients du fait que la guerre était finie! Ceux-là font partie de l'infime partie de la garnison japonaise qui a survécu à la bataille. Sur 11 000 hommes, seuls 28 soldats japonais s'en sont sortis vivants. L'armée japonaise devait tenir cette position jusqu'à la mort: elle a honoré cette promesse... De leur côté, plus de 2000 soldats américains sont morts, et bien davantage blessés. Nombre d'entre eux ont succombé à la chaleur infernale qui régnait alors sur l'île, le couvert végétal (et donc l'ombre) ayant été détruit par les bombardements incessants. Sans eau, exposés à un soleil de plomb ou à une pluie battante, les G.I.s mourraient d'insolation, de dysenterie et de blessures mineures infectées tout autant que des balles japonaises. Tout ça, au final, pour un objectif stratégique inutile: la prise des Philippines à peu près au même moment rendit sans intérêt la capture de l'aérodrome de Peleliu, raison initiale de l'invasion. Tant de vies perdues pour rien! Quel gâchis!
Le musée contenait pas mal d'artefacts, mais n'était pas trop user friendly. Disons qu'il y aurait eu moyen de rendre ça plus vivant! Mais bon, on avait quand même l'essentiel de l'information. On y rencontré un couple de Canado-Australiens avec deux jeunes enfants qui faisaient un tour guidé de Peleliu. Le Canadien, un Ontarien d'origine asiatique qui vivait maintenant à Melbourne avec sa femme australienne, parlait un excellent français, ce qui nous a impressionné! Autre surprise: le couple avait ensemble visité Terre-Neuve et fait la route par Fermont l'été passé! On est à Peleliu, une île perdue du Pacifique à plus de 15 000 km du Québec, et on rencontre deux personnes qui ont visité Blanc-Sablon. C'est quoi les chances?!?
On les a salués avant de remonter à vélo, pour s'arrêter un peu plus loin à un monument dédié à l'une des unités militaires américaines ayant participé à la bataille. Un petit sentier menait à une paisible plage de sable bordée de cocotiers. Dur à croire qu'il s'agissait en fait de l'une des plages du débarquement, théâtre de combats sanglants... D'autres vestiges de la bataille se trouvaient quelques coups de pédale plus loin. Cette fois, c'était les restes d'un avion japonais - le fameux Zero - dont le cockpit était lentement englouti par la jungle.
On a retrouvé le groupe auquel appartenait la famille de canado-australiens au quai du sud de l'île, où on a mangé avec eux. Alors qu'eux avaient de belles bento boxes avec des plats japonais santé, nous nos hôtes nous avaient préparé des hot dogs avec des chips! C'était bien bon, mais en comparaison on avait l'air d'être des rois de la malbouffe! On a jasé avec la bien sympathique famille, avec le yacht "Palau Agressor 2" amarré en arrière-plan. Ça fait plusieurs bateaux paluans qu'on voit affublés de noms violents comme ça: on ne sait pas trop pourquoi haha!
Rassasiés, on a poursuivi notre balade en vélo par des chemins de traverse bordés de végétation luxuriante, avant de faire une pause à la Honeymoon Beach. Mémé est rapidement devenue plus silencieuse au fur et à mesure qu'on marchait sur la plage. Elle se sentait fatiguée alors on s'est assis un moment... avant qu'elle commence à dodeliner de la tête. Un début de coup de chaleur? On a été à l'ombre avant qu'elle ne s'évanouisse, elle a bu pas mal d'eau et on s'est reposés une bonne demie-heure en profitant de la brise de mer et d'un ciel heureusement plus couvert. Elle à bientôt été remise sur pied, mais dans cette chaleur, le vélo c'est traitre!
Puis, on est remontés à bicyclette et on a suivi la piste qui s'enfonçait dans la jungle. On a enfin atteint l'un de nos objectifs: le Swimming Hole! On nous avait dit qu'il fallait absolument se baigner dans cette piscine naturelle, un genre de cenote comme au Mexique. Apparemment que c'est le seul endroit à Palau où ça existe. Cela dit, le trou n'était pas trop invitant: une échelle en PVC plongeait dans l'eau de mer, dont la moitié était située dans une caverne. Qu'à cela ne tienne, j'y ai été quand même, mais Mémé a refusé de me suivre haha!
De là, on est revenus vers le coeur de l'île, où se situent la plupart des sites historiques. Au premier chef la fameuse piste d'atterrissage, toujours utilisée, et dont la capture était l'enjeu majeur de la bataille de Peleliu. On a ensuite vu 3 tanks amphibie américains, abandonnés à l'endroit où les obus japonais les ont stoppés... Notre voyage dans le temps nous a emmenés par la suite au quartier général japonais, un grand bunker à deux étages avec d'énormes trous d'obus ayant perforé les murs. La nature reprend aujourd'hui ses droits et l'édifice est désormais de plus en plus envahi par la végétation. Outre ça, les ruines ont été laissées telles quelles, et on peut très bien s'imaginer l'intensité de la bataille en visitant les différentes pièces.
Quelques centaines de mètres plus loin commencent les premiers contreforts de la petite chaine de collines qui domine Peleliu. C'est là qu'ont eu lieu les combats les plus acharnés, dans ces montagnes percées comme du gruyère par les Japonais. Les Américains ont surnommé l'endroit "Bloody Nose Ridge", un bel euphémisme... Au début de l'élévation se trouve un char japonais immobilisé pour toujours lors d'une contre-attaque ratée. Plus haut, caché dans une caverne, on retrouve un canon japonais encore intact, surplombant le champ de bataille. Cependant, c'est un peu plus haut que c'est le plus marquant. Il était 17h environ quand on a débuté notre promenade dans la Death Valley trail. C'est un endroit très particulier. Tout d'abord, il faut absolument suivre le sentier, car c'est le seul espace déminé des environs. Le reste est couvert de munitions et d'obus potentiellement dangereux. Un panneau indiquait que les démineurs avaient retiré 8800 obus et munitions trouvés sur les 820m de sentier! L'atmosphère est également très spéciale. Ce fût un 20-30 minutes de marche angoissante dans une vallée silencieuse, dans une semi-pénombre de fin de journée, en observant les artefacts militaires en bordure de sentier et les ouvertures de tunnels japonais... On avait réellement l'impression de marcher chez les morts, dans ce qui est à toutes fins pratiques un cimetière à ciel ouvert... Le sentier offrait une vision poignante à la toute fin, alors qu'un drapeau japonais indiquait l'endroit où, après 2 mois de combat, le général japonais s'était donné la mort plutôt que de capituler... On échappe à l'atmosphère irréelle de cette terre de fantômes en gravissant les escaliers qui mènent au lookout où se trouve le monument aux morts américains, et d'où on a une magnifique vue à 360 degrés sur Peleliu. En regardant ce confetti perdu dans le Pacifique, on se demande bien pourquoi une telle bataille a pu avoir lieu ici! Notre visite des lieux s'est enfin achevée au temple shinto japonais, érigé en l'honneur des soldats japonais. Tout juste à côté, un autre monument américain. Comme pour rappeler que les ennemis d'hier sont aujourd'hui des alliés solides...
Le soir tombait, et il fallait revenir à Klouklubed. La carte nous montrait une route directe pour y aller: parfait! Ce n'était par contre pas précisé que c'était une véritable piste dans la jungle, envahie par la végétation, et dont les abords faisaient aussi office de décharges sauvages par endroits! "Oh, you were not supposed to see that!" nous a dit en riant le proprio de notre auberge quand on est revenus! En tout cas, on était bien contents que la piste débouche, revenir sur nos pas à la noirceur dans la forêt tropicale ne faisait pas partie des choses qui nous tentaient!
Parenthèse: à Palau, il y a des poulets sauvages. Pas des poulets qui se sont enfuis et qui sont devenus sauvages: les poulets vivent vraiment à l'état sauvage dans la jungle ici! Et on en voit partout, ils pullulent!
Notre souper de sandwiches au poulet sur la terrasse du resto du Adventures Inn fut bienvenu après cette grosse journée! On était aussi heureux de retrouver notre lavage à peu près sec sur l'ingénieuse corde à linge installée par Mémé dans la chambre! Par contre, ma serviette, encore gorgée d'eau de mer du kayak, puait toujours autant!
On s'est couchés alors qu'un orage tropical s'abattait violemment sur Peleliu, faisait résonner la pluie sur le toit de tôle et virevolter furieusement les arbres à l'extérieur!
À bientôt!
Tant de commentaires au fil de la lecture... je reste sans mots.
RépondreEffacerDifficile d'imaginer que ces lieux de beauté ont été le théâtre de la folie guerrière... Merci pour cette page d'histoire.
RépondreEffacerOui c'était vraiment impressionnant...
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