mercredi 22 mai 2019

Une journée sous l'eau

Salut tout le monde! C'est à nouveau François!

(Musique épique)

(Voix de Charles Tisseyre)

"Dans cette entrée, on plonge - littéralement- sous les eaux turquoises de Palau pour y découvrir l'extraordinaire monde sous-marin qui s'y cache. Suivez-nous dans ce ballet multicolore au fond des mers, au coeur de certains des plus magnifiques sites de plongée de la planète."

(Musique épique. On voit des poissons qui virevoltent et on entend des bruits de bulles et d’éclaboussures. Puis Charles Tisseyre regarde au loin, vers l’horizon infini de l’océan Pacifique)

"La semaine prochaine à Découverte :  le magma. »

(Générique. Musique toujours aussi épique.)

Merci Charles pour cette introduction !

En effet, ce matin-là, on partait pour une journée complète de plongée ! De bon matin, on est embarqués dans la fourgonnette de Sam’s Tour venue nous cueillir à l’hôtel. On y a fait la connaissance de deux touristes un peu suffisants qui ont eu tôt fait de juger notre profondeur maximale de plongée.

« 12 mètres? Mais on voit quoi à 12 mètres? Rien! » (Insérer un rire moqueur ici)

« Moi, la profondeur où je me sens à l’aise quand je plonge - et on s’entend que j’ai plongé souvent en Californie - c’est 30 mètres! » (Insérer un faux sourire un peu méprisant ici).

Ben oui c’est ça, vante-toi devant deux débutants pour qui c’est leur première vraie journée complète de plongée. Que c’est pénible, ce genre de personnes! Heureusement, ils allaient faire une autre activité aujourd’hui, et n’auraient donc pas à subir la compagnie des bouseux que nous sommes lors de leurs explorations sous-marines pour vrais experts, tsé.

Cela dit, parmi les passagers figurait aussi une Américaine sympathique qui nous racontait qu’elle avait eu la surprise de se rendre compte que, parmi les personnes présentes à un party dans un bar de Koror où elle était la veille, se trouvait un sénateur! Bon c’est sûr que dans un pays qui compte 20 000 habitants et 16 États, les probabilités de croiser un sénateur quand on sort prendre un verre sont plus élevées à Palau qu’aux États-Unis haha!

Notre instructeur pour la journée était un jeune Catalan, Sergi, accompagné de sa blonde danoise qui était aussi la conductrice de ce matin (c’est petit, Palau). Une fois avoir récupéré notre équipement, on est montés dans le bateau, sachant qu’on partait plonger plus loin en mer cette fois. À bord, outre nos instructeurs et notre capitaine paluan: une famille allemande qu’on présume richissime (une mère et ses deux jeunes filles) et une Américaine et son jeune fils. Je dis « richissime » parce qu’au fil de nos conversations avec eux, on a compris que les endroits où ils voyageaient n’étaient pas piqués des vers. Quand on a déjà plongé en Polynésie française, aux Seychelles (2 fois), aux Maldives et à Palau, sans compter des voyages au Japon et ailleurs, je crois qu’on est en droit de se dire qu’ils doivent avoir des moyens légèrement supérieurs à la moyenne! Elles étaient en tous cas bien gentilles.

Après une heure de bateau dans les toujours superbes Rock Islands, on arrivait au fameux Ulong Channel, un chenal d’eau turquoise tout près de la barrière extérieure de corail. Tout comme pour nous, ce nom n’évoque probablement rien dans votre esprit, outre le fait qu’il vous parait exotique d'office. Si vous étiez un plongeur chevronné par contre, vous seriez néanmoins jaloux car il s’agit apparemment d’un des meilleurs endroits où plonger au monde! Justement, on se préparait à se lancer! Cette fois, pas moyen d’y échapper: on allait entrer dans l’eau en se laissant tomber et en basculant par en arrière, comme pour faire une pirouette! Moi qui ai toujours été incapable de faire ne serait-ce qu’une culbute, je n’étais pas vraiment à l’aise au début mais c’est vraiment facile en fait. Impossible de toute façon de faire autrement, compte tenu de la lourdeur de l’équipement!

S’en est ensuite suivi un petit moment d’adaptation, celui où on quitte la logique qui veut que, dans l’eau, on reste à flot pour respirer, et qu’on fait en fait l’inverse en respirant sous la mer. Pour vrai, au début, c’est un exercice très étrange que d’avoir consciemment à combattre un réflexe de survie, à savoir remonter prendre une bouffée d’air quand on est sous l’eau. C’est comme si notre raison doit convaincre notre cerveau reptilien, dans ce qu’il a de plus élémentaire, que c’est normal de respirer sous l’eau et qu’on ne va pas mourir noyé!

Et puis on commence à descendre, à voir les magnifiques coraux et les poissons multicolores, et on oublie complètement de s’en faire tellement le spectacle qui s’offre à nous est beau! Ça, et le fait qu’ici il faut tenir compte du courant, assez fort par endroit. Ça demandait un peu plus de dextérité que notre plongée plus pépère dans la baie face à Sam’s Tour, l’autre jour!

Vous dire qu’on a vu beaucoup de poissons, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, ne saurait entièrement rendre hommage à ce qu’on peut apercevoir sous les eaux cristallines de Palau! Et avec une super visibilité en plus! Sans compter les forêts de coraux. Ce qui était cool, c’était que notre instructeur Sergi avait emmené avec lui un genre de Etch-A-Sketch (retour en enfance!) sur lequel il nous écrivait le nom des poissons qu’on voyait. On a aussi vu d’énormes coques, une anémone aux tentacules blancs et son poisson-clown (bonjour, Nemo!)… et des requins. Un banc de mignons bébé requins pour commencer (awwww) puis un vrai de vrai grey reef shark d’un peu plus d’un mètre de long. Moi qui m’inquiétais, disons que ce gros poisson pataud ne paraissait vraiment pas dangereux (et la plupart des espèces de requins, dont celle-là, ne le sont pas, en passant: c’est vraiment une peur injustifiée et irrationnelle, de craindre les squales! Dis-je en tentant de me convaincre moi-même. Mais disons que depuis ma rencontre en vrai avec un requin, je suis beaucoup plus zen en mer!). Plus sérieuse était la menace potentielle posée par les trigger fish, de gros poissons territoriaux qui font leur nid dans le sable blanc du fond du récif. Avant de plonger, Sergi nous avait mis en garde contre leur agressivité: pour défendre leur nid, ils n’hésitent pas à mordre, et ils ont les dents tranchantes comme des rasoirs. Ils peuvent réellement infliger des blessures graves. Sergi nous avait ainsi montré deux nouveaux signes: le poing fermé, qui signifie « danger, et le pouce et l’index en évidence comme pour symboliser un pistolet avec une main, qui signifie (vous l’aurez deviné) « trigger fish ». Heureusement qu’il nous en a parlé parce qu’on a vu pas mal de ces poissons effectivement pas trop heureux quand on s’approchait un tant soit peu de leurs gros monticules sablonneux! On les identifie assez vite par contre, de sorte que les éviter n’est pas trop difficile. Pas de mauvaise rencontre au final!

Et 45 minutes plus tard, après 3 minutes de décompression, on émergeait en pleine mer, de l’autre côté de la barrière de corail. En regardant autour de nous, on était assez loin de notre point de départ, preuve que le courant était vraiment puissant en fait! Aussi, j’avais presque entamé ma réserve d’oxygène, alors que celle de Mémé n’était pas encore dans le rouge. Explication: les femmes ont de plus petits poumons, et respirent donc moins. Mais aussi, selon Frenchie (notre premier instructeur), je bouge pas mal plus que Marie-Pascale sous l’eau et j’ai tendance à prendre de grandes goulées d’air, ce qui n’aide pas!

C’était l’heure de manger et on s’est attablés sur la plage sablonneuse de l’île de Ulong toute proche, en mangeant nos bento boxes à l’ombre des cocotiers. Au début des années 2000, cette belle île a apparemment servi de toile de fond à l’émission de téléréalité américaine « Survivor », dans laquelle des équipes devaient affronter des épreuves sur une île déserte avec peu de ressources. Le genre d’émission mal traduite en français que vous avez probablement distraitement écoutée un soir d’ennui à TQS, à l’époque!

Après s’être sustenté et dégourdi les jambes un brin, on était fin prêts à retourner plonger. Cette fois, on allait tout près, vers un banc de sable émergé à marée basse. Le site de plongée, aptement baptisé Sandy Bar, était plus retiré de la barrière extérieure de corail et était donc beaucoup plus calme côté courant. Une petite culbute, deux-trois ajustements, et on descendait - creux cette fois dès le début. Notre premier arrêt : la « cleaning station »! À genoux dans le sable autour d’un corail central, des bancs de poissons tourbillonnant en haut de nos têtes, on a attendu… et tout à coup on était pris à partie par des petits poissons multicolores qui picossaient gentiment notre corps à la recherche de peaux mortes! L’un d’entre eux m’a même pris par surprise en allant fureter dans mon oreille haha! C’est en fait un endroit où se rendent les requins et autres gros poissons pour se faire débarrasser de leurs parasites et écailles mortes. Dans le corail, notre instructeur a attiré notre attention sur une tache sombre cachée dans une anfractuosité: une murène, un genre d’anguille des mers! Pas bien bien joli par contre!

Je pense que cette seconde plongée était encore plus belle et agréable que la première, notamment parce qu’on avait beaucoup moins à se soucier du courant et des trigger fish (quoique…) et qu’on pouvait donc se concentrer sur les coraux et les superbes poissons qui foisonnaient. À un certain moment par contre, je me suis retourné pour constater que la bonbonne de Marie-Pascale, visiblement mal fixée sur son socle, était en train de glisser! Sergi l’a vu en même temps et a remédié à la situation en réajustant la sangle. Ce n’est qu’hors de l’eau qu’on a fait réaliser à Mémé, qui n’avait rien remarqué, qu’elle était en train de perdre sa bonbonne! Heureusement qu’on s’en est rendus compte vite!

On a ensuite fait la connaissance avec un rémora, un poisson qui nous a pris en affection pendant presque tout le reste de la plongée! C’est un poisson inoffensif mais particulier: il a une genre de ventouse sur la tête et l’utilise pour se fixer sur de plus gros animaux (genre des requins). Comme ça il profite des restes de nourriture et nettoie en même temps le requin. Cette fois, les gros animaux, c’était nous! Il a vraiment essayé de se fixer à nos jambes, c’était vraiment spécial! Au début, on tentait de le repousser, mais il insistait vraiment le pauvre! Finalement, Sergi nous a dit qu’il était sans danger pour nous alors on l’a laissé faire jusqu’à ce qu’il nous quitte pour de meilleurs hôtes. Pour terminer, on a encore vu d’autres requins (toujours des grey reef sharks), avant de remonter à la surface. Une superbe plongée!

Après cette belle journée, la tête pleine d’images de ce monde sous-marin étrange et magnifique, on est revenus vers Koror. Malgré les vagues qui secouaient le bateau, on sentait que tout le monde était un peu fatigué! On a dit au revoir à nos compagnons de plongée puis on est revenus à l’hôtel, où on a pris une douche question de se débarrasser du sel marin. On a ensuite passé un petit moment à gérer quelques tramites pour notre excursion du lendemain. J'ai notamment eu cette conversation beaucoup trop précise avec la dame du tour:

Madame: « For lunch, do you want the normal meal or the vegetarian option? »

François : « Normal for me, vegetarian for my girlfriend »

Madame « OK does she want rice or salad? »

François « Euh… Salad I guess? »

Madame: « OK what sauce for the salad? »

Ben là! c’est bien gentil mais peut-être un brin trop intense haha! Vas-tu aussi me demander le nombre de feuilles de salade qu'elle veut dans son plat? Haha!

Pour couronner cette belle sortie en mer, on est aller manger une pizza + verre de vin dans le pub / bar tiki tendance du centre-ville de Koror (l’un des hauts lieux du night-life local, avec le Taj où on avait été quelques jours plus tôt)!

À bientôt!

2 commentaires:

  1. Cerveau reptilien et coraux... Fascinant! (Comme dirait l'autre...)

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  2. À François. Tu as des talents de scénariste, on dirait: veux-tu que Jo-Annie mousse ta candidature à Radio-Can?

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